Follement xviiième que tout cela !!
Enthousiastes, nous l’étions toutes, à l’idée de découvrir Aix-en-Provence. Le trajet fut magnifique ; tout le Trièves étant en floraison. C’était une féerie de blanc, de rose sous un ciel superbe.
Après un pique-nique au parc Paul Jourdan, nous fîmes la connaissance de notre guide : un homme d’une culture encyclopédique et d’un humour incroyable, ayant un goût très vif pour les jeux de mots. Il nous a conquises !

C’est en sa compagnie que nous avons visité le centre historique de cette ville, datant des 17ème et 18ème siècles.

Pour nous immerger dans cette cité, nous avons arpenté tout d’abord le cours Mirabeau. La Provence étant rattachée à la France en 1481, le roi se fait représenter par un gouverneur. La ville d’Aix se trouve désignée comme siège de Parlement en 1501. Plus tard, au 17ème siècle, les gens de robe, magistrats et juristes fortunés se font construire de splendides hôtels particuliers. C’est l’endroit à la mode pour voir et être vu !
Parmi eux l’hôtel d’Entrecasteaux, du nom d’un marquis, président du parlement, qui défraya la chronique en y assassinant sa femme.
Et l’hôtel de Forbin présentant de splendides ferronneries aux balcons composés de rinceaux et de contre-rinceaux. Sa couleur miel est due à la couleur naturelle des pierres, des carrières de Bibémus, utilisées pour de nombreuses constructions aixoises.

Aix est aussi une ville de fontaines ; en particulier celle du Roy René. Ce dernier y est représenté portant la couronne des Comtes de Provence, tenant à la main une grappe de raisin muscat, variété qu’il aurait introduite en Provence.

Son épouse Jeanne de Laval serait à l’origine des calissons, “des câlins” fourrés au melon (à l’origine).
La cathédrale Saint Sauveur est célèbre pour son chef d’œuvre : le Triptyque du Buisson ardent de Nicolas Froment.

Après de nombreuses pérégrinations, nous fûmes enchantées de retrouver notre hôtel avec sa cour privée toute fleurie.

Le lendemain matin, visite de l’hôtel d’Olivary, dans le plus pur style aixois. IL appartenait à la même famille depuis deux siècles : la famille de Welle, descendante des Olivary. Il possède un magnifique escalier en fer forgé, de style Régence, une enfilade de salons à la française décorés de tableaux, de gypseries et de tentures murales. La propriétaire elle-même nous fit visiter les lieux avec passion.
Nous quittons la ville pour la campagne afin de découvrir au nord d’Aix, une splendide bastide dans son “jus”, celui du 18ème siècle, aux Pinchinats

Cette demeure a abrité les amours de la sœur de Napoléon, Pauline Borghèse et de son amant Auguste de Forbin.
Dans les années 1770, Sauveur Mignard, le fils du célèbre confiseur propriétaire de la bastide appelée « la Mignarde » aménage des jardins à la française et agrémente les bassins d’élégantes statues.

Le carillon de midi sonne l’arrivée de 4 lycéennes de Marseille, venues pique-niquer en notre compagnie. Nous sommes tout à la joie des retrouvailles et des échanges, très reconnaissantes à Caroline de nous avoir concocté ce petit séjour de rêve !
Qu’elle en soit encore mille fois remerciée !

L’après-midi est consacrée aux jardins de la bastide Romégas. Nous avons la chance d’être accueillies par Madame Rater-Carbonel en personne. Cette bastide est typique du 17ème siècle ; toit à 4 pentes à la génoise possédant une ferme attenante avec une aire de battage. Les jardins sont classés « remarquables » avec un parterre de buis en broderie, ombragé de pins multi centenaires. Le tout parfaitement conservé et entretenu, agrémenté d’un bassin et de jeux d’eau et d’une « tèse » (allée avec filets pour capturer les oiseaux).
A l’horizon se dessine la montagne Ste Victoire, si chère à Cézanne.

C’est l’art de vivre au XVIIIème siècle !

Nous terminons notre périple au château de Vauclaire, domaine viticole, où nous faisons provision de bonnes bouteilles pour les futures agapes lycéennes !

Nous rentrons les yeux éblouis et l’esprit régénéré par tous ces beaux souvenirs, rendus possibles grâce à Caroline et toutes celles qui ont participé à l’aventure.

Nous garderons à l’esprit cette formule de Charles-Palamède de Forbin :
“Pour essayer de guider son siècle, il faut marcher avec lui, car le temps ne s’arrête, ni ne recule.’’
O.S. 25/26 .05.2018