venise-3.jpgC’est au Couvent Sainte-Cécile, que nous avons emboîté le pas du célèbre Casanova à travers une Venise du XVIIIème siècle, revisitée par huit créateurs de B.D.
Mettre en résonance la peinture traditionnelle et la bande dessinée, tel est le pari de la fondation Glénat qui organise la 3ème exposition de cette nature, après La grimace du monde et Tables et festins. L’objectif est de croiser les regards, à 300 ans d’intervalle, de Canaletto, de Guardi ou de Bellotto avec ceux de nos contemporains.
Aux termes : Venise ou Casanova on associe facilement : palais, gondoles ou aventures qui surgissent de l’imagerie populaire. Ces mythes ont été entretenus par les védutistes, peintres de la Sérénissime, réalisant des épigones. Ces cartes postales ou images-souvenirs sont peintes à des fins documentaires, pour mettre en valeur la vie de la cité ou pour rendre compte de grands événements.
Les célèbres tableaux offerts à notre admiration, comme « Vue du canal de Santa Chiara à Venise » ou « Vue du Grand Canal et du pont du Rialto à Venise » de Canaletto ou de Guardi témoignent d’un travail très élaboré sur la perspective, renforcé par l’usage de la chambre noire. Cette recherche à la fois géométrique et atmosphérique, vise à créer une impression de légèreté et dirige l’œil de l’observateur vers des « ciels » d’un bleu éthéré, infiniment subtil, rarement égalé. Ces tableaux de commande ont pour objectif de raconter un événement certes, mais aussi de plaire ou de flatter les grandes familles vénitiennes.
Les védutistes nous racontent de petites histoires sur la vie à Venise, les plaisirs, les bals masqués ou les intrigues amoureuses. Leurs tableaux constituent une véritable mine d’informations sur les mœurs, les coutumes ou les vêtements de l’époque.
Nous partons, par ce biais, à la rencontre de Casanova, connu surtout pour ses conquêtes féminines et sa vie dissolue. Il brosse, comme les peintres, un tableau complet de l’Europe dans L’histoire de [sa] vie. Tout l’amuse, tout l’intéresse, même les événements les plus déstabilisants ! « J’ai toujours aimé les femmes à la folie, dit-il, mais je leur ai préféré ma liberté. » Le récit de son évasion de prison, « sous les plombs », est digne d’Alexandre Dumas. Notre séducteur aurait pu rencontrer Canaletto, mais cela ne s’est pas fait !
Toutes ces petites histoires racontées, en images ou avec des mots, croisent celles de nos dessinateurs de B.D. qui associent aux planches illustrées, les phylactères.
Huit dessinateurs ont bien voulu jouer le jeu de la confrontation. Ils ont illustré à leur manière un aspect particulier de la cité des Doges. S’il ne fallait retenir qu’un mot pour qualifier le travail de chacun ou sa vision de Venise, ce serait pour :
*Le Français, François Avril : l’épure
*Le Coréen, Kim Jung Gi : l’étreinte
*Le Belge, Griffo : la perspective
*L’Américain, Miles Hyman : la séduction
*L’Italien, Tanino Liberatore : la violence
*Le Français, Loustal : le mystère
*L’Italien, Milo Manara : le plaisir
*Le Suisse, Zep (créateur de Titeuf) : la distanciation

Les peintres et les créateurs de B.D. nous racontent des histoires qui s’inscrivent dans le mouvement, dans la vie et ses passions !
Le mérite de cette exposition, outre la qualité des œuvres exposées, est de monter que la quête des artistes est intemporelle et universelle.
A travers elle, le charme de Venise continue à opérer !
D. VDB