A événement exceptionnel,
affluence exceptionnelle;
les deux visites guidées,
organisées par Caroline ont à
peine suffi à répondre à la
demande des Lycéennes!
Il faut dire que l’exposition Chagall et
l’avant-garde russe est tout à fait exceptionnelle,
tant par le thème retenu, que
par la délocalisation à Grenoble, après
Tokyo et avant Toronto, ou par le choix
délibéré de la période présentée.
Lorsque le Centre Pompidou s’invite à
Grenoble, les amateurs de peinture se
pressent.
Né à Vitebsk en Biélorussie, issu d’une
famille pauvre juive hassidique, aîné de
neuf enfants, Chagall cumule de nombreux
handicaps pour assouvir sa passion
du dessin et de la couleur. Mais la
bourse modeste d’un mécène russe, lui
permet de s’installer à Paris en 1911,
où il rencontre de nombreux novateurs
comme Cendrars, Apollinaire, Robert
et Sonia Delaunay.
Tout au long de sa vie, il est partagé entre
la tradition juive, dont il est profondément
imprégné, et lamodernité à laquelle
il aspire avec d’autres, commeMatisse,
Kandinsky, Gontcharova ou Larionov. Il
sait, cependant, restituer unmonde intérieur,
à la fois riche et coloré, qui fait
référence à son univers d’enfant. Un village
d’enfants, proposé par le musée aux
scolaires, qui l’ont décoré, fait écho, par
ses couleurs et sa créativité à cet aspect de
sa personnalité.
La volonté de construire un monde
nouveau, qui est le propre du bouillonnement
culturel de l’époque, se matérialise,
dans cette exposition, par la reconstitution
du Club ouvrier, présenté à l’Exposition
des arts décoratifs de la ville de Paris en
1925. C’est un lieu d’information, symbolique
de la culture socialiste.
Quelques tableaux retiennent plus particulièrement
l’attention comme: Le Père,
Le Mort, La Noce, Le Marchand de bestiaux,
En avant, en avant.
« Ces compositions métaphoriques
révèlent un contenu spirituel
et émotionnel intense ».
Ce sont « des arrangements
d’images intérieures qui [le] possèdent
». Ils traduisent toute la
passion et la complexité de
l’âme juive russe tiraillée entre
désespoir et enthousiasme,
tradition et révolution!
On peut faire une place particulière
à l’oeuvre Double portrait
au verre de vin (ci-contre)
qu’ont choisie les conservateurs
pour la plaquette de
l’exposition. Chagall, juché
sur les épaules d’une Bella
particulièrement sensuelle,
lève son verre à l’enfant
annoncé. Facétieux, il lui
occulte un oeil, comme un chagall.jpg
clin d’oeil au spectateur.
Mieux qu’un long discours,
ce tableau résume sa passion
pour la femme, pour la couleur
et pour la vie!
Danièle Vandenbussche