la_ballerine_qui_revait_de_litterature.jpgPour la troisième fois, nous avons la chance et le plaisir d’accueillir Michelle Tourneur, écrivain et scénariste. Après La beauté m’assassine et Cristal noir, elle vient nous présenter, avec la grâce et la sensibilité qui la caractérisent, son nouveau roman paru chez Fayard : La ballerine qui rêvait de littérature. L’appartement natal de Stendhal se prête tout particulièrement à cette rencontre.
L’auteur met en scène une sorte de « Pas de deux », fait d’approches et d’esquives, de frôlements et de fuites entre deux personnages : Victor et Marie, meurtris par la vie, privés de leur public et dans l’incapacité d’exercer leur talent. Lui, brillant professeur de littérature parce qu’il se retrouve à la retraite, sans y avoir vraiment pensé et elle, prima ballerina, parce qu’un grave accident survenu à la fin d’une représentation du Lac des Cygnes l’a éloignée de la danse. Le parisien épris de la capitale et la danseuse cosmopolite se rencontrent à Arras, ville et lieu improbables, réunis par de luxueuses malles stockées dans un hangar. Ces malles pourraient contenir les livres de Victor, son seul trésor, ou les accessoires de la ballerine, maintenant inutiles. Elles sont là, mystérieuses et secrètes, telles les dépositaires d’un trésor préservé ou d’un lointain passé…
S’engage alors un curieux ballet, où chacun avec pudeur et retenue se livre et se protège. Victor a été amputé de la vibration du féminin par le départ de Melissa qu’il a passionnément aimée, Marie, de la littérature pour se vouer, sous l’emprise de maîtres intraitables, à la danse.

Le Grave de la littérature fait contrepoids au Léger de la danse et c’est dans un échange surprenant que va se nouer un pacte qui redonne de la densité et du sens à leur existence. L’un souhaite découvrir le vaporeux, le mousseux, le fluide, contenus dans les jolis tiroirs recouverts de cuivre de la boutique de lingerie féminine tenue par Marie. L’autre voudrait être initiée à la littérature dont elle a été privée au profit de la danse. Le contrat : « Un tiroir, contre un texte !»
Ces tiroirs secrets, ouverts les uns après les autres sont les gardiens des rêves, des aspirations, et aussi de l’âme de chacun.
Michelle Tourneur, par la magie de l’écriture, nous entraîne dans une féérie ; ballet où virevoltent de concert, la petite phrase musicale de Proust, les draps blancs de Garcia Marquez et la lingerie soyeuse et aérienne déployée par la ballerine.

A travers les références multiples, à la littérature, à la musique ou à la peinture, nous accédons à un autre monde, riche et foisonnant, une perception plus subtile des choses et des êtres.
On n’entre pas ‘’par hasard ‘’dans l’univers de Marie Scott Preaulx ou de Michelle Tourneur.
Le hasard n’existe pas. Ce qu’on appelle ‘’ hasard ‘’ est fait de synchronicité, de porosité, d’ouverture aux autres ou aux événements.
La vie nous envoie des signes (des cygnes !). C’est notre responsabilité de nous mettre en résonance, en disponibilité, pour les accueillir et accéder ainsi au Léger !

03-05-2017 D.VDB