Comment devient-on conservateur en chef d‘un grand musée ? En quoi consistent ses fonctions et ses attributions ? Telles sont les questions auxquelles va répondre Guy Tosatto, notre hôte d’un soir, en retraçant son parcours.
Il passe de la Fondation Cartier d’art contemporain de Jouy-en-Josas, au château de Rochechouart en Haute-Vienne, avant d’être responsable du Carré d’Art à Nîmes. Il est ensuite nommé conservateur en chef du musée de Nantes. En 2002, il revient à Grenoble, la ville de ses origines, en tant que directeur du musée des Beaux-Arts.
La programmation éclectique qu’il met en place lui permet de jouer sur l’art ancien, l’art moderne et l’art contemporain. Se pose le problème, lors des acquisitions, du domaine à privilégier. Il s’interroge sur le rapport entre le fonds d’un musée, nécessairement disparate et la constitution de collections, plus ordonnées.
Il insiste sur l’importance des catalogues, sur le plan de communication, sur l’affichage, mais nous rappelle qu’être conservateur, c’est d’abord « une école d’humilité et de diplomatie ». C’est à lui qu’incombe la responsabilité des choix. Le temps qu’il voudrait consacrer à l’art est souvent amputé par la gestion du personnel. Les acquisitions sont dictées par les moyens alloués par l’Etat et le ministère de la Culture, mais aussi par les commissions de supervision dont le fonctionnement lui semble « pervers et inadéquat ». Il oppose « les choix moyens », permis par ces structures, et « le regard éclairé » du conservateur qui donne une identité au musée. La difficulté consiste aussi à alterner les expositions pour le grand public et les expositions plus pointues. Il innove, s’appuyant sur les bibliothèques de quartiers pour organiser des « expositions hors les murs ».
Sa grande connaissance de la diversité des expressions artistiques lui permet de nouer des liens étroits et privilégiés avec des artistes de renom, comme Penone, qu’il suit depuis très longtemps.
Parmi les expositions organisées, citons pour mémoire : Schütte, Munoz, Richter, Polke, Frize, Cognée, Favier, Giacometti (25 000 spectateurs en un mois), Chagall (43 000 visiteurs) et bien-sûr Penone (la dernière en date)…
Par son charisme, son phrasé, sa connaissance de l’art, Guy Tosatto nous tient plus de deux heures sous le charme et nous prolongeons les échanges autour d’un buffet raffiné dans le bel appartement d’Agnès J.M. qui a la gentillesse de nous accueillir.
Nous avons aussi la primeur d’un nouveau projet : une exposition consacrée à Georgia O’ Keeffe, artiste américaine incontournable. Nous l’attendons avec impatience !
D. VDB