Ce jour-là, toutes les conditions étaient réunies pour que nous passions une journée de rêve : un magnifique soleil d’automne, une jolie lumière dorée qui baignait ce paysage superbe, le cadre enchanteur de ce château de Longpra, et 23 lycéennes grenobloises, bientôt rejointes par deux vaillantes Genevoises, en 2CV… mais sans GPS ! Sans oublier une guide passionnante (et passionnée !), pleine d’érudition, et aussi d’humour, ce qui ne gâche rien, qui nous a fait partager sa passion pour ce lieu magique !
sans_titre-6.pngLongpra, c’est d’abord, au XIIe siècle, une maison-forte entourée de douves, avec son pont-levis… douves et pont-levis qui existent encore ! En 1536, elle entre dans la famille Pascal, et ne subit aucune modification pendant deux siècles. En 1755, c’est un de ses descendants, Pierre-Antoine Pascalis de Longpra, qui entreprend des travaux qui dureront jusqu’à la Révolution… et qui engloutiront toute sa fortune ! Il fait construire une demeure raffinée, dans l’esprit néoclassique et le goût italien de la fin du XVIIIe siècle, mais avec un toit typiquement dauphinois, et tout en gardant une partie des bâtiments originels (où habite actuellement la famille). La cour d’entrée est entourée par ce que nous appellerions les communs, et que l’on nomme alors la “ferme rapprochée” : séchoir à noix, atelier des Hache (qui fabriqueront sur place de nombreux meubles et parquets, et même les portes), transformé maintenant en musée,…
Autour du château, les douves sont encore en eau ; Pierre-Antoine Pascalis avait prévu un jardin à la française, mais sa bourse est vide ! Qu’importe, ce sera un parc à l’anglaise… qui n’a d’anglais que le fait que ce n’est pas un jardin à la française !
En 1793, toute la famille sera arrêtée, et emprisonnée au couvent Ste Marie d’en-Haut (avec d’ailleurs Jean-François Hache !) ; ce sont les paysans de Longpra qui viendront réclamer la libération des Pascalis, dont ils n’ont jamais eu à se plaindre… et qui occuperont le château pendant l’absence des propriétaires, pour qu’il ne soit pas pillé, comme tant d’autres.
En 1840, le dernier des Longpra, sans descendant, lègue le domaine à sa nièce, qui avait épousé un Franclieu. Cette demeure est donc habitée depuis cinq siècles par la même famille, avec, de génération en génération, la volonté d’en faire un témoignage des siècles passés et de l’histoire de notre région.
Notre visite commence par la chapelle du XVIIIe siècle ; Longpra avait bien sûr son propre chapelain, qui descendait dire la messe en empruntant son propre escalier, avec sa rampe signée Jean-François Hache ! Sur l’autel trône le crucifix de Madame Elisabeth, soeur de Louis XVI… convoité par le conservateur du château de Versailles ; au-dessus, une très belle « Sainte Famille » attribuée à Pierre de Cortone. Dans la minuscule sacristie, quelques objets prêtés par le musée Christofle, en particulier une copie (Christofle garde une copie de tous les objets qu’il fabrique) du calice en forme de tulipe dessiné pour le pape Jean-Paul II, lors des J.M.J. à Paris !
Le premier brevet de Christofle était un brevet de bijoutier : aussi découvrons-nous enfin deux colliers, très modernes ; puis, dans une vitrine, le “caprice de l’émir” : un ensemble verre à bière, boîte à mouchoirs,… fabriqué pour le jet privé d’un émir, et d’un goût tout oriental !

Après cette visite bien remplie, nous allons nous restaurer dans une auberge très accueillante, qui nous sert un délicieux déjeuner… et nous nous y trouvons tellement bien que nous nous y éternisons un peu. Puis nous reprenons nos voitures pour aller voir l’église St Georges de Saint-Geoire, qui mérite bien un (tout) petit détour !
Patricia MARZLOFF

Nous faisons une dernière halte dans une brasserie artisanale, « La Dauphine », tenue par un jeune couple très sympathique qui nous parle avec passion du métier de brasseur. C’est la dame, Belge d’origine, qui assure l’élaboration des mélanges et la fermentation des céréales. Nous ne négligeons pas de faire provision de bières variées et en particulier de bière de Noël !