La Fabrique Opéra de Grenoble rayonne, fait des émules et essaime…
Soirée de prestige pour le Lyceum au Mercure Meylan avec Patrick Souillot
Prestigieuse, cette soirée du 19 Février le fut par ses intervenants : le très charismatique Patrick Souillot, chef de l’Orchestre Symphonique Universitaire de Grenoble, créateur du concept de la Fabrique Opéra, Olivier Boulet, administrateur et bras droit du Maître et Benjamin Molleron, responsable du développement national et violoniste !Prestigieuse, elle l’était aussi par les convives : 5 Présidentes (Excusez du peu !) s’étaient déplacées. Les clubs de Lyon, Orléans, Paris et Grenoble, ainsi que l’A.F.F.D.U. étaient ainsi représentés.Prestigieuse, elle l’était enfin par le public, passionné et enthousiaste, sans lequel rien n’est possible !
Et c’est de ce constat, « frappé au coin du bon sens » qu’est parti Patrick Souillot. Pour pouvoir continuer à exercer longtemps ce métier de chef d’orchestre qui le passionne, il faut initier un public jeune qui fera des émules. Son pari ? Amener à l’opéra 10 000 personnes en 4 représentations !
Les freins sont puissants. L’opéra est vu comme « un musée ». Le lieu intimide, la langue étrangère bloque l’émotion, et le prix retient l’élan. La solution s’impose d’elle-même. Il faut associer les jeunes à la création. Les lycées et les instituts de formation jouent le jeu. Les lycéens sont fiers de participer à un spectacle de qualité et de pouvoir le montrer à leur famille ou à leurs amis. Le talent et le mérite de Patrick Souillot sont de réussir cette gageure : produire un spectacle musical, reconnu par ses pairs, en fédérant des éléments totalement disparates. 450 jeunes travaillent toute l’année sur ce projet, et, pour recruter 8 solistes, il n’en auditionne pas moins de 150. De nombreuses répétitions avec l’Orchestre Symphonique Universitaire de Grenoble et les choristes s’imposent, souvent dans les lieux les plus improbables (gymnases et salles diverses). Et ne croyez pas que ce Chef exigeant transige sur la qualité. Pas un bémol ne lui échappe et il ne tolère aucune fausse note !
L‘équilibre de la construction repose sur 4 piliers : un lieu populaire (le Summum), des établissements scolaires qui jouent le jeu (Argouges, Prévert et d’autres), une narration en français, et un modèle économique qui a fait ses preuves. C’est pour cette raison que la Fabrique Opéra a mis en place « une franchise associative portée par une structure nationale ».
Il faut savoir qu’un opéra traditionnel est financé à 80% par le contribuable et que la Fabrique Opéra s’autofinance, elle, par ses recettes propres, à 80% environ !
Bien-sûr cette réussite laisse rêveur ! Etre capable de rassembler 10 000 spectateurs payants pour présenter : Carmen, Aïda, Nabucco ou bientôt les Contes d’Hoffmann, cela tient du miracle !
D’autres villes vont relever le défi, avec l’aide de Grenoble, comme Annecy et peut-être Orléans, Strasbourg ou Marseille… Mais dans chaque cas il faut un « porteur de projet » bien enraciné dans le tissu local, capable de constituer une équipe, hétéroclite et cependant homogène. Pour faire chanter de concert : 8 solistes, 120 choristes, accompagnés de 80 musiciens, la compétence d’un chef d’orchestre de talent s’impose. Mais pour produire un opéra avec des jeunes et des bénévoles et ce, avec un budget serré, il est indispensable d’avoir, en plus d’un réel charisme, une baguette magique !
Chapeau l’artiste et « en avant la musique » !
Danièle Vandenbussche