Un petit geste pour l’Ukraine, un grand moment d’émotion

 A l’initiative de MaO, le LCI de Grenoble s’est mobilisé pour une action, aussi modeste soit-elle, en faveur de l’Ukraine et de la préservation de ses œuvres d’art. C’est à l’ICOM, organisme international dépendant de l’ONU, que sera versé le montant de notre collecte, fruit de la conférence et de la vente de cartes et marque-pages. Eléna, accompagnée de sa guitare, et Alexandra, toutes deux Ukrainiennes, ont largement contribué au charme et à l’émotion de cette soirée.

La conférence démarre avec un petit point d’histoire. Anne de Kiev, reine des Francs, venue d’Ukraine, fut l’épouse d’Henri 1er. Au XIème siècle, elle choisit de nommer son fils Philippe, prénom repris par toute une dynastie, montrant ainsi le lien ancien entre la France et l’Ukraine.

Notre conférencière nous montre ensuite, à travers des figures remarquables, que le peuple ukrainien a toujours défendu l’idée qu’il constituait une véritable nation qui lutte avec énergie pour sa culture et sa liberté.

Taras Chevtchenko, au XIXème, est une figure emblématique de ce pays. Considéré comme le plus grand poète romantique de langue ukrainienne, il écrit : Ici, c’est une terre de poésie et tout est possible. Quelle belle devise pour les générations à venir ! Ayant connu le servage, il gagnera sa liberté grâce à la vente d’une de ses œuvres. Toute sa vie il ne cessera de lutter pour l’indépendance de l’Ukraine. La toile Katernya représente une jeune Ukrainienne enceinte et un soldat russe qui s’éloigne… Prémonition ou reproduction de l’histoire des peuples ?

Défilent ensuite sous nos yeux, des figures de femmes emblématiques, souvent mal connues des Français.

Citons quelques noms :

Lessia OUKRAÏNKA écrivain, critique et poétesse

Marko VOVTCHOK (Maria ALEKSANDROVNA VILINSKA) qui écrit sous un pseudonyme masculin, comme George Sand. C’est elle qui crée le personnage pour enfants Maroussia

imprimé par Hetzel. Petite fille ukrainienne qui se sacrifie pour la liberté de son pays au moment de la lutte contre les Russes.

– Maria PRIMACHENKO peintre qui découvre l’argile bleu près de la rivière. Picasso est impressionné par le côté surréaliste de ses toiles. Maudite soit la guerre, au lieu des fleurs il pousse des bombes, dit-elle.

– Chana ORLOFF, d’origine juive. Née à Kiev, elle s’exile en Israël. Elle côtoie à Paris dans les années 1919 à 1930 des artistes comme Chagall, Soutine, Modigliani ou Braque. Ses sculptures traduisent toute la puissance et toute la poésie de l’âme de ce peuple. Le musée du Luxembourg lui rend en ce moment hommage, la classant parmi les femmes pionnières.

Tant d’autres sont citées et apparaissent à l’écran.

La guitare et la voix chaude d’Eléna rythment ces évocations. L’âme slave transparaît dans ces chants poétiques et passionnés.

 A l’image de toutes ces femmes fortes et espiègles, ils redisent inlassablement l’amour de leur pays, la volonté de vivre libres et de pouvoir exercer leur art.

L’émotion de nos deux invitées est palpable. Elle est partagée par toute l’assistance quand elles évoquent l’exil et le lien qui les rattache en permanence à ceux qu’elles aiment et dont la vie est menacée.

Comment ne pas éprouver un sentiment de culpabilité face à notre impuissance et souvent à notre inertie ?

Alexandra  répondra avec générosité à cette interrogation légitime :

 « Je vous remercie de tout mon cœur d’avoir organisé cette soirée consacrée à l’Ukraine et à son patrimoine culturel. 

Il est vraiment précieux pour moi de savoir qu’il y a des gens qui sont solidaires, non seulement en parlant mais en agissant ! » 

D.VDB 12.05.2022