Exposition “RUFUS” de Florentine et Alexandre LAMARCHE-OVIZE
[**Mathilde Johan*], responsable du pôle du public, nous accueille au FRAC (Fonds Régional d’art Contemporain Normandie Caen). Le FRAC, 4ème collection publique française d’art contemporain, anciennement rue Vaubenard, est installé depuis mars 2019 au 7 de la rue Neuve bourg l’Abbé, dans l’ancien cloître de la Visitation devenu Bien national en 1789 et occupé ensuite par l’Armée. Rudy RICCIOTTI, le concepteur du MUCEM de Marseille, en a été l’architecte. Une deuxième tranche de travaux est prévue ultérieurement.
[**Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize*] sont un couple français dont l’atelier se situe à Aubervilliers. Ils travaillent ensemble depuis 2006 et utilisent le dessin, la peinture, les sculptures en céramique et l’art décoratif pour se réapproprier différemment les grands sujets académiques ; ainsi dans l’exposition, des références à Rufus, l’album de Tom Ungerer édité par l’École des loisirs, ou à deux tableaux du Musée du Louvre : Les Noces de Cana de Paolo Véronèse et le Saint Michel de Raphaël. Le point de départ est le carnet de dessins de Florentine. Elle y croque sans cesse d’après des œuvres d’art, des objets, des livres ou des faits de société, dessins dont le duo s’inspire, qu’il transpose, mêle et agrandit. Les techniques des tableaux sont variées et juxtaposées : peinture, fusain, craie grasse, stylos-feutres etc. ; les supports différent : toiles, lés de tissu suspendu, céramique etc. Les animaux jouxtent des hommes politiques, des faits, une nature exubérante…
L’exposition s’ouvre comme le chapitre d’un livre d’images en noir et blanc, formant des paysages où Rufus, la chauve-souris de Tom Ungerer, les chiens du tableau de Véronèse ou l’ange vainqueur de Raphaël sont les sujets principaux. Ils sont là pour révéler combien la relation entre l’homme et l’animal est puissante, proche, voire affective ; sans être dans l’anthropomorphisme, ils croquent par exemple des chiens qui nous regardent, témoins de notre vie domestique.
Le duo allie art et artisanat dans la lignée du mouvement Arts & Crafts, initié en Angleterre mi XIXème par William Morris devant l’inquiétude soulevée par les bouleversements sociaux et esthétiques provoqués par la révolution industrielle. L’exposition se veut être sur le mode de l’éphémère ; de grands panneaux muraux dessinés au fusain directement sur les murs disparaîtront à la fin de l’exposition, les sculptures en céramique qui forment une forêt colorée devront, si les artistes suivent les idées japonaises, être détruites pour passer à autre chose car elles représentent une histoire.
A travers cette exposition, nous percevons l’approche militante, politique de ces deux artistes qui travaillent en duo et, par leurs œuvres chatoyantes, nous entrainent à réfléchir sur la liberté de création, et la résistance à toute sorte de cadre M. W-L

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