Ce quartier de Caen d’une centaine d’hectares, est celui qui recèle le plus de vestiges du Caen ancien.
Situé entre le bassin Saint Pierre et le château, donc en contrebas des “collines”, ce val était au Moyen Âge fort malfamé, d’où son nom de “val des gueux”, qui au fil du temps est devenu Vaugueux.
Notre visite débute par l’église Saint Pierre fondée au VIIIe siècle par les évêques de Bayeux.
Cette église reconstruite aux XIII et XIVe siècles présente la particularité d’être bâtie en partie sur pilotis, car il y avait de l’eau partout autour. Les canaux ont été bouchés en grande partie mais la Petite Orne, que l’on peut voir encore sur l’hippodrome, alimente aujourd’hui le bassin St Pierre en souterrain.
Une autre particularité de cette église est de ne pas être parfaitement axée : le chœur part légèrement sur la gauche par rapport à la nef. Plusieurs hypothèses ont été émises face à cet état de fait : choix délibéré de l’architecte pour rappeler la tête du Christ légèrement penchée sur la croix ? erreur de l’architecte ? contrainte du cours d’eau ? manque de vision globale lors de la reconstruction du chevet au XVIIe ? Une énigme non tranchée.
Enfin notons que cette église n’a pas de transept, des maisons étaient déjà construites à son emplacement éventuel. Côté architecture, l’église est majoritairement de style gothique flamboyant avec une partie de décor Renaissance : le Choeur. Le clocher, ajouré pour diminuer la prise au vent, a été détruit par un obus allié en 1944, et reconstruit entre 1957 et 1962. A l’extérieur nous admirons le cadran solaire “spécial” qui permet de régler sa montre car il donne l’heure de midi selon les saisons.
Notre visite se poursuit vers la tour Leroy (XIVe siècle) l’un des derniers vestiges de l’enceinte médiévale de Caen qui comportait 15 portes. Sur le mur on peut observer les anneaux qui permettaient l’amarrage des bateaux. On peut également observer quelques vestiges des remparts.
Pour découvrir les belles maisons, il faut faire abstraction des devantures des restaurants actuels et lever les yeux vers les étages. Il n’y avait pas de “cahier des charges” à l’époque où elles furent érigées, d’où une grande variété de styles. Nous admirons certaines balustrades et les quelques maisons à colombages dont notre conférencière nous explique les subtilités de construction et/ou de restauration. Le mot colombage vient de colonnes. Les poutres de chêne résistent au feu mais sont davantage menacées aujourd’hui par l’humidité et les champignons qui l’accompagnent. C’est un édit royal en 1560 qui interdit la construction à pans de bois, en raison de la pénurie de bois qui s’ajoutait au risque d’incendie. Un autre édit en 1667 interdit à son tour les encorbellements, pour des raisons de sécurité.
Il reste également de très belles maisons de pierre, des XVe et/ou XVIe siècles, à admirer. Sur l’une d’elles est gravée “Porte au berger”. C’était l’entrée de la ville pour les visiteurs venant de Ouistreham, le port de mer. Notons le pavage qui date de Philippe Auguste. L’expression “tenir le haut du pavé” vient du fait que les puissants s’éloignaient de la rigole centrale qui était en fait un égout. Nous empruntons ensuite une ruelle dite passette, suivie d’une volée de marches qui nous emmène sur la “montagne du Sépulcre” (19 m au-dessus du niveau de la mer !). L’Église désaffectée aujourd’hui abrite des expositions temporaires. Elle a été érigée au XVIIIe siècle, en remplacement d’une chapelle Sainte Anne (XIIIe s.). Elle aurait abrité un morceau de la croix du Christ, rapporté de la 5ième croisade mais volé par les anglais lors de la Guerre de Cent ans. Bien mal acquis ne profite jamais ! Les voleurs périrent en mer.
Notre petit groupe d’une vingtaine de lycéennes a remercié chaleureusement Patricia LENGYEL pour cette très intéressante visite et pour sa capacité à s’exprimer clairement malgré le masque obligatoire, Covid 19 oblige ! M-P L.