Artistes Voyageuses L'appel des lointains 1880-1944

ARTISTES VOYAGEUSES
L'APPEL DES LOINTAINS, 1880 - 1944
Cette très intéressante exposition au Palais Lumière à Evian a été l'occasion d'une belle rencontre entre des lycéennes de Lyon, Grenoble et Lausanne. Les bords ensoleillés du Lac Léman nous ont donné le plaisir de nous retrouver ou de faire connaissance.
Dès 1880 les premiers mouvements féministes apparaissent lors de "La Belle Epoque".
En effet la femme souhaite s'émanciper de plus en plus et faire des études. En 1907 elle peut enfin garder son salaire pour elle-même ! Le journal "la Fronde" les aide à pousser leurs revendications : être mieux formées, exposer dans les musées.
L'Académie Julian payante est créée avec des ateliers de peinture, de sculpture, de portraits….
Puis L'Académie des Beaux-Arts à Paris leur permet d'acquérir un statut professionnel, et d'obtenir des bourses de voyages et des commandes pour les Compagnies Maritimes ou pour les Expositions Universelles et Coloniales.
Le début du XXème est marqué par le retour de l'orientalisme, et le tourisme hivernal en Afrique du Nord, invitant de nombreuses artistes aux voyages loin de la Métropole.
D'abord en Algérie et au Maroc: Tableaux du désert plein de lumière, ou bien vie locale : place du marché à Fès, ou encore art naïf mettant en avant l'atmosphère.
Survient « la querelle des Caleçons » : finalement en 1925 la femme obtient le droit de faire des Nus!
Toujours en 1925 l'expédition Citroën " La Croisière Noire" étude du peuple Mangbetu, incite les femmes artistes à voyager en Mauritanie au Sénégal.
D'autres femmes, telle Alexandra David Néel au péril de sa vie, va à Lhassa, et organise trois expéditions au Tibet financées par ses commandes de portraits des princes et dignitaires de la société indienne et coloniale.
Enfin des artistes chinoises viennent en France telles: Fan Tchunpi et Pan Yuliang afin de moderniser la peinture chinoise en déclin.
Voici un aperçu de cette passionnante visite.
Cette exposition, préparée depuis 5 ans et issue des réserves du musée du Quai Branly, sera montrée à Pont-Aven durant l'été prochain.

OS - AG 06/05/23


Suzanne, la Bretagne et Mathurin Méheut

   C’est avec beaucoup de savoir et un brin de fantaisie que Suzanne, membre de l’association « Les Amis de  Mathurin Méheut », a reçu chez elle une vingtaine de lycéennes  pour leur présenter la vie et l’œuvre du peintre breton.

 Méheut nait à Lamballe dans une famille d’artisans et s’intéresse , très jeune au dessin. Peintre, dessinateur, illustrateur, graveur, décorateur, céramiste Méheut  travaille sur tous les supports et avec toutes les techniques.

 En 1902, missionné par la revue Arts et Décoration, pour laquelle le jeune Méheut travaille, il rejoint la station marine de Roscoff où il mène auprès des scientifiques des études sur la flore et la faune marine. Il réalise alors des milliers de croquis très réalistes de grand intérêt pour les scientifiques. En effet, son trait de crayon très précis permet de mettre en valeur des éléments non visibles sur une photographie. Un livre illustré, «  L’étude de la mer »,  et une première exposition au pavillon Marsan en 1913 sont un véritable succès. La puissance de son trait et la maitrise des couleurs suscitent des critiques très élogieuses. Premières acquisitions par le Musée océanographique de Monaco et le Musée du Luxembourg.

 Grâce à une bourse de la fondation Albert Kahn il part avec son épouse en 1914, d’abord aux Etats Unis où il s’attarde à peine, puis à Hawaï qu’il trouve sans intérêt et enfin au Japon. Là, il se passionne pour la culture nippone et acquiert la technique du cadrage auprès des peintres japonais. Technique qu’il n’aura de cesse d’utiliser tout au long de sa carrière.

 Il est rappelé en France et incorporé à Arras  en octobre 1914 . Affecté au service topographique  et cartographique des armées, il réalise des croquis de repérage pour l’état-major.

 Après la guerre, il enseigne à l’école Boulle et en 1921 il est nommé peintre officiel de la Marine.

 En 1921 une deuxième exposition au musée des Arts Décoratifs suivie en 1923 d’une exposition à San Francisco lui assurent une renommée mondiale.

 Avec un coup de crayon qui va à l’essentiel il évoque l’histoire d’une vraie Bretagne. En peignant  les pardons, les scènes de port, les belles sardines, il nous immerge au cœur de la société bretonne travailleuse et pieuse de la première moitié du XXème siècle. Par cette volonté d’observer le monde et de s’en faire le témoin fidèle et précis, il apporte un témoignage ethnographique. On dit de lui qu’il est le peintre des réalités quotidiennes.

La grande Troménie (détail)

 Reconnu également comme un artiste décorateur, il réalise de nombreuses commandes pour la faïencerie de Sèvres et Villeroy et Boch, pour des restaurants et notamment Prunier pour lequel il dessine des assiettes,  illustre le livre écrit en collaboration avec Colette «  Regarde par Colette et Méheut » en 1929 , réalise des panneaux décoratifs et des fresques : le hall des nations de l’immeuble Heitz à Pittsburg en 1930,  participe à l’exposition coloniale de Paris  en collaboration avec la Manufacture de Sèvres (1931), travaille à la  conception des décors de la villa Miramar de Albert Khan ( 1929),  aux décors des paquebots de la compagnie générale transatlantique, décore le pavillon de la Bretagne et celui de la marine marchande à l’exposition internationale de Paris en 1937, élabore le carton de la tapisserie Allégorie à la vie marine pour les Gobelins (1939) …

 La richesse de ses œuvres, la diversité des techniques expérimentées font de Méheut un artiste prolifique et inclassable . Il traverse imperturbable tous les mouvements picturaux de son époque et  se montre peu perméable à ceux-ci, que ce soit  l’impressionnisme, le surréalisme ou  le cubisme. Il a même un jugement très sévère sur certains peintres notamment Picasso.

 Mais s’il ne fréquente pas le milieu des peintres, il noue des liens importants avec les artistes des Arts Décoratifs dont il se sent proche et pour lesquels il a beaucoup d’admiration et de respect.

 Dès 1925, il se lie d’amitié avec Yvonne Jean-Haffen, également artiste peintre, graveuse, céramiste. Elle fait partie du groupe des Artistes Décorateurs et devient la collaboratrice et disciple de Méheut. Une longue correspondance entre les deux artiste commence en 1926 ; plus de 1470 lettres, véritables bijoux ornés de croquis rehaussés à la gouache. A la mort de Méheut en  1958, sous son impulsion et grâce à sa ténacité , un musée Mathurin Méheut est créé à Lamballe installé dans la Maison dite du Bourreau. Elle en sera la première directrice et le restera pendant vingt ans.

En juin 2022, ouverture du nouveau musée Mathurin Méheut à Lamballe dans un bâtiment des anciens haras nationaux.

Les informations et les documents photographiques utilisés par notre amie lycéenne sont tirés essentiellement de l’ouvrage intitulé :
Mathurin Méheut de Denise Delouche, Anne de Stoop, Patrick Le Tiec, publié aux éditions Ouest France en 2020


DE LA NATURE, une exposition au musée de Grenoble

Plus classique mais tout aussi contemporain , Philippe Cognée
propose de très imposantes fleurs qui semblent se faner. Ainsi que d’inquiétantes forêts, dont on décèle les plus infimes détails grâce à une technique originale de cire et de pigments appliqués au fer à repasser.

Sans oublier l’oeuvre de Cristina Iglesias, créée spécialement pour cette exposition : « la chambre minérale humide ». C’est une sorte de labyrinthe où le
public est invité à rentrer. L’extérieur est quasiment nu, mais une jungle de végétaux envahit l’intérieur, tandis que de l’eau s’écoule sur les murs. L’oeuvre
est ouverte, mais avec une seule issue qui permet d’entrer et de sortir. Attention de ne pas s’y perdre.

D’une salle à l’autre, les artistes semblent mettre les spectateurs à l’épreuve. Nul n’en sort indemne.

Le 25/01/23 V.S. - F.L.


Les vélos de Doisneau

Doisneau était loin d'imaginer le retournement spectaculaire actuel de la société avec le boom du vélo pour des raisons en particulier écologiques. Pendant la guerre, Doisneau filme l’actualité : files d'attente interminables devant les boulangeries etc. Puis il rentre dans la Résistance. Grâce à ses talents de graveur il fabrique des faux[ papiers et des nombreux tracts. Il filme la Libération de Paris ce qui contribuera à sa célébrité. Avec le développement du vélo il filme les courses du dimanche dans les vélodromes comme l'anneau de vitesse de Montlhéry. Malheureusement à partir des années 1960, "la petite reine" laisse la place à une nouvelle reine: l’automobile. Le vélo disparait des rues car jugé démodé et dangereux.