VISITE DE LA VILLE DE TROYES : LA CITE DU VITRAIL, LE MUSEE D'ART MODERNE ET LA MAISON DE L'OUTIL

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MUSEE DE LA CHARTREUSE ET COLLEGIALE SAINT-PIERRE A DOUAI

Visite du Musée la Chartreuse et de la Collégiale Saint-Pierre à Douai

Le Musée « La Chartreuse » : Une collection d’art époustouflante,

Le 4 mai 2023, par une belle journée ensoleillée, nous avons débuté nos visites par ce magnifique musée de la Chartreuse installé dans un ancien monastère du XVIIème siècle et dans l’hôtel particulier d’Abancourt-Montmorency de style renaissance flamande.

Ses collections, riches de 10 000 œuvres, nous font entrer dans l’histoire de l’art du Moyen-Age à nos jours et de l’Extrême Orient à l’Europe, de quoi concurrencer les plus grands musées.  

Après avoir été accueillis par M. Pierre Bonnaure, Conservateur et Directeur du Musée », et sous la houlette d’un guide passionnant, nous avons admiré des chefs-d’œuvre du Moyen-Age, la peinture flamande et hollandaise (Jean de Bellegambe,  Jordaens, Ruisdael, Rubens) la peinture italienne (Véronèse, Vasari, Caracci), la peinture française (Le Brun, Nattier, Chardin, David, Delacroix, Corot, Boudin, Renoir, Sysley, Pissaro, Dufy, Bonnard).

Focus : nous nous sommes attardés devant cette « fille de pêcheur » peinte par Jules Breton en 1876. Commandé par la ville de Douai, ce tableau fera partie des 180 œuvres pillées par les Allemands durant la première guerre. Pendant près d’un siècle, elle passera de mains en mains jusqu’en 2011 où elle réapparait sur le marché de l’art et retrouve, après d’âpres négociations, les cimaises du musée.

L’ancienne chapelle des Chartreux, superbement restaurée et à la scénographie enchanteresse, sert d’écrin à des sculptures, à des objets d’art (dont l’orfèvrerie médiévale) et à une remarquable collection de bronzes (Rodin, Bra) et de terres cuites, notamment un buste réalisé par Carpeaux (une étude pour la figure de l’Afrique que l’on retrouve sur la fontaine de l’Observatoire dans le jardin du Luxembourg à Paris).

Des jardins monastiques…

Pour finir en beauté, nous nous sommes attardés dans les jardins monastiques. La balade nous a permis de découvrir de nombreuses plantes médicinales utilisées par les moines Chartreux, qui témoignent de leurs rapports privilégiés avec cette nature aux 1 000 secrets… Après un sympathique déjeuner pris dans un bistrot « cantine » des avocats de la cour d’Appel toute proche, le temps ensoleillé nous a permis un voyage dans le temps en effectuant une belle balade dans les ruelles du vieux Douai : la place d’Armes et l’hôtel du Dauphin (18ème), l’hôtel d’Aoust, siège de la cour administrative d’Appel, l’hôtel de la Tramerie (grès pour les fondations, briques pour le mur et pierre pour les décors). Ils illustrent l’influence flamande avant que Douai ne devienne française. On traverse la place du marché aux poissons d’époque médiévale, inscrite aux Monuments historiques avec ses 14 maisons qui la bordent pour atteindre le Palais de Justice installé dans un ancien couvent datant de 1714 (dont l’une des cellules fut occupée par le célèbre Vidocq).

Et puis, nous sommes entrés dans l’institution douaisienne : le réputé magasin « l’Homme de Fer » spécialisé en quincaillerie depuis 5 générations. L’Homme de Fer veille depuis plus de 170 ans à l’entrée du magasin.  Le propriétaire des lieux nous a commenté l’histoire de ce bâtiment « Art déco » avec sa haute façade en briques, son magnifique dôme en pavés de verre, son mobilier d’origine aux multiples tiroirs et son sol en mosaïques. Dans ce magasin atypique des batteries de cuisine, moules à pâtisseries, cadeaux utiles, rares ou insolites que l’on ne trouve nulle part ailleurs, jouets en bois … se côtoient pour notre plus grand plaisir.

Il était temps de visiter

La Collégiale Saint-Pierre

Photo Paul Maeyaert

Elle impressionne d’abord par ses dimensions monumentales : 112 m de long, 28 m de large, 26 m de haut.

Erigée en Collégiale elle fut construite entre 1735et 1750 à la demande des magistrats du Parlement de Flandre. Ce vaste vaisseau accueillait également le Chapitre des Chanoines qui occupaient des postes d’enseignement à l'Université comptant jusqu’à huit collèges, dix-huit refuges d’abbayes et vingt-deux séminaires, associés aux facultés des arts, théologie, droit civil et médecine. La renommée de l'Université de Douai attira de nombreux professeurs et étudiants français et étrangers. Cette université, seconde du royaume en 1744, était un véritable vecteur de la culture française.

Cette Collégiale, classée aux Monuments historiques, allie le style gothique flamand et le classicisme des XVIIème et XVIIIème siècles. Elle contient de nombreuses œuvres d’art, notamment une impressionnante série de toiles de Maîtres, un retable et des sculptures en marbre du XVIIe. Notre guide nous a encore permis d’admirer une magnifique chaire à prier  du XVIIIe siècle et un reliquaire de Saint John Southworth rappelant que pendant 125 ans Douai offrit refuge aux catholiques anglais qui avaient fui les persécutions d'Henri VIII et d’Élisabeth.   

Et surtout, un véritable bijou : le monumental et somptueux buffet d’orgues « Cavaillé-Coll » construit en 1910 pour le Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Jamais livré en raison du déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914, puis de la Révolution russe en 1917, il fut racheté par la ville de Douai.

Cet instrument possède quatre claviers et 69 jeux ; c'est un des derniers grands représentants du style symphonique français. Il est classé aux Monuments historiques.  Avec ses 4 400 tuyaux, cet orgue de facture romantique peut se comparer à celui de Saint-Sulpice à Paris.

Marie-Claude et son binôme Dominique nous avaient réservé une surprise : l’organiste de la collégiale, venu tout exprès pour nous, nous interpréta un court et émouvant récital en la mémoire de nos amies disparues, Christine Castelain, Mi-Jo et plus récemment notre chère France Chevillotte.

Autre surprise : l’invitation de ce musicien à monter jusqu’au buffet d’orgues pour en découvrir les dessous de son impressionnante mécanique et le voir jouer au plus près.

Nous avons terminé cette journée en prenant le « pot de l’amitié » sur une terrasse avec vue imprenable sur le très célèbre beffroi classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO.  Géant de grès de 61 mètres datant du moyen-âge, fierté de la cité des Géants, son carillon de 62 cloches, unique en Europe, continue de sonner tous les quarts d’heure, rythmant ainsi le quotidien des Douaisiens.

                                                                                                   Marie-Claude Couture


ESCAPADE BRUXELLOISE

ESCAPADE BRUXELLOISE

Ce jeudi 27 avril 2023, par une belle journée ensoleillée, nous étions une vingtaine de lycéennes avec leurs invités parties en co-voiturage pour une escapade Bruxelloise.

Au menu : visite des serres royales de Laeken, découverte de la villa Empain, Fondation Boghossian et visite guidée de la villa Horta.

Joyau de l’Art Nouveau, les Serres Royales de Laeken rassemblent un patrimoine végétal incomparable avec notamment une étonnante collection de plantes tropicales et subtropicales, des forêts de palmiers, des fuchsias comme si l’en pleuvait, des plantes et fleurs de toutes les jungles et de tous les tropiques…  Elles sont visitées (seulement 3 semaines/an) par des touristes venus du monde entier.

Ce complexe revêt l’apparence d’une ville de verre implantée sur le domaine du château de Laeken dans un paysage vallonné de 20 hectares.  Il est caractérisé par des pavillons monumentaux, des coupoles de verre, des larges galeries qui parcourent le terrain comme des rues couvertes.

Ce château est la résidence des Souverains belges. Il fut construit fin 18ème siècle comme résidence d’été des Archiducs Marie-Christine d’Autriche et Albert de Saxe-Teschen alors Gouverneurs des Pays-Bas autrichiens.

Les serres furent construites fin 19ème siècle sur décision du roi Léopold II par les architectes Balat et Horta, ce qui explique l’élégance du style architectural qui préfigure l’Art Nouveau. Elles servent encore de cadre prestigieux aux réceptions royales.

Elles sont classées parmi les plus grandes du monde par leur superficie, la variété de la flore exposée, l’aménagement de l’espace botanique et figurent au patrimoine mondial.

Outre le parc à l’anglaise aux belles perspectives avec ses jardins, bosquets, étangs et ses superbes floraisons de cerisiers du Japon, nous avons visité la serre du Congo, la grande serre du Jardin d’Hiver, la galerie des fuchsias et géraniums, la serre de Diane, le plateau des palmiers et la serre aux  azalées.                                                                 

Et pour finir, l’Orangerie construite par Guillaume 1er des Pays- Bas en 1817. Elle abrite, en hiver, les agrumes cultivés dans de grands bacs, principalement des bigaradiers portant des oranges amères et des camélias.

A noter : depuis 2021, un nouveau système de chauffage fait la part belle à l’écologie en utilisant la chaleur récupérée d’une centrale d’incinération de déchets.

Après un sympathique déjeuner dans un typique restaurant installé dans une ancienne quincaillerie, nous avons regagné un quartier chic et résidentiel de Bruxelles, celui des Ambassades et des villas cossues, pour une visite organisée de la « Villa Empain - Fondation Boghossian ».

Mme de Jamblinne au centre 

Madame Thérèse de Jamblinne, Présidente du Lyceum Club International de Belgique nous a fait l’honneur et l’amitié de nous y accueillir.

La « Villa Empain », ce bijou architectural art déco se distingue par ses lignes épurées, la noblesse des matériaux utilisés et par son étonnante modernité. 

C’est en 1930 que le Baron  Empain, alors âgé de 22 ans, commande cette villa à un architecte de renom, Michel Polak qui sera construite sur un espace de 3 500 m2. Il est incontestable que la Villa Empain manifeste d’un extrême raffinement. A lui seul, le choix des matériaux utilisés  en témoigne : granit poli de Baveno sur les façades, cornières en laiton dorées à la feuille d’or, marbres d’Escalette et de bois Jourdan à l’intérieur, bois de Palu moiré des Indes, Manilkara du Vénézuéla, panneaux de ronce de Bubinga poli, Noyer et loupe de noyer, Palissandre et chêne, ferronneries magnifiquement travaillées, vitraux et verrières décorées, superbes mosaïques.

Ce qui impressionne également, dès l’entrée, c’est le puits de lumière qui donne un éclat particulier aux marbres et aux boiseries utilisés. On remarquera également l’allégorie de la voie lactée du plafond du salon d’honneur ainsi que la salle d’escrime du Baron Empain, toute en longueur située à l’étage. Et enfin la piscine, une des premières privées en Belgique, qui a été conçue comme un miroir d’eau reflétant la façade arrière de la villa.

Après une histoire mouvementée (la cession à l’état belge pour devenir un musée des Arts Décoratifs contemporains, l’occupation allemande, les bureaux de RTL,…) la famille Boghossian restaure cet ensemble pour en faire une Fondation, un centre d’art où se côtoient cultures arménienne, turque, grecque, kurde et arabe : un pont entre Orient et Occident.

Nous prenons congé de Madame Thérèse de Jamblinne pour nous diriger vers un autre quartier bourgeois où se situe la « Villa Horta » classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

La maison de l’architecte Victor Horta (1861-1947) devenue aujourd’hui musée Horta est un édifice « Art Nouveau » constitué de son habitation personnelle ainsi que de son atelier.

Des architectes du monde entier viennent encore aujourd’hui visiter cet exemple type de l’art nouveau initié par Victor Horta. L’habitation privée comprend 2 escaliers : l’escalier d’honneur destiné aux propriétaires et invités et un escalier de service. La distribution des pièces, un peu déroutante, ouvre des perspectives variées et donne l’impression d’une maison plus vaste. En outre, comme souvent chez Horta, l’escalier n’est pas enfermé dans une cage, mais constitue réellement la colonne vertébrale de la maison. La lumière est apportée non seulement par les façades, mais aussi par une remarquable verrière qui surmonte l’escalier et éclaire ainsi le centre de la maison et le grand salon.  Les décors  intérieurs bénéficient d’une inventivité confondante jusque dans les moindres détails passant des mosaïques, à la création de papiers peints, les ferronneries, le mobilier personnalisé, les vitraux etc…    

Clin d’œil : A Paris, dans le XVIème arrondissement, le « Castel Béranger »,  de style Art Nouveau, est le premier immeuble HLM édifié dans la capitale. Il a été conçu par Hector Guimard en 1898, qui s’est très largement inspiré des innovations esthétiques de Victor Horta. Un siècle après sa construction, le « Castel Béranger » (qui vaut le détour),  a été classé aux Monuments historiques.

Nous sommes rentrés sur Lille après cette journée récréative et enrichissante, la tête remplie d’images féériques des Serres Royales et avec une idée un peu plus précise de ce qui différencie « l’Art Déco » de « l’Art Nouveau » sur le plan architectural.

                                La journée s’est terminée par un « pot de l’amitié » particulièrement sympathique.

Marie-Claude Couture


SAODAT ISMAILOVA

VISITE GUIDEE DE L’EXPOSITION DOUBLE HORIZON AU FRESNOY LE 6 AVRIL 2023

Exposition dédiée à SAODAT ISMAILOVA en lien avec les artistes d’Asie centrale de la collection du centre POMPIDOU PARIS.

Saodat est une cinéaste Ouzbèque. Après des études de cinéma à Tachkent, elle a étudié l’art de vidéos en Italie puis a été élève du FRESNOY en 2016-18 ou elle crée les vidéos STAINS OFOXUS et DOUBLE HORIZON. Elle a reçu de nombreux prix et a été montrée à Venise et Documenta de Cassel. Elle s’intéresse aux légendes, mœurs et croyances de ces pays d’Asie centrale avant la domination soviétique.

 Les vidéos de SAODAT sont projetées sur plusieurs écrans : STAINS OF OXUS : Les images de l’Amou Daria, fleuve qui traverse l’Ouzbékistan, sont belles et retracent les croyances véhiculées par ses eaux

DOUBLE HORIZON nous transporte dans les croyances chamanistes de lévitation et voyages dans l’espace : elle a filmé le site de Baïkonour (Kazakhstan) lieu d’envoi de la fusée soviétique qui jouxte un cimetière chaman.

ZUKHRA=VENUS femme en léthargie, symbole des femmes d’Ouzbékistan en attente de leur réveil.

HAUNTED vidéo du tigre de la Caspienne dont elle fait revivre la légende au son d’un harmonica de verre 

Des installations d’artistes du musée Pompidou agrément le parcours de l’exposition Dunes de sable, feutre, bois évoquent ces peuples nomades

AKHULOV. Et que dire de cette Yourte colorée prête à décoller dans l’espace de Serge Maslow ?   Envoûtante...

Puis nous avons admiré les broderies et les créations artisanales réalisées par une artiste Yougoslave sur des bâches d’échafaudages, l’autre sur un paravent d’un Chillahona, et les formes stylisées « putonas » crées avec le corps, enfin les portraits de famille de SAODAT avec l’écriture en surimpression.

Cette riche exposition nous a fait rentrer dans le monde des légendes et coutumes disparues, et leurs images nous restent en mémoire.


LA CONFRERIE DES CHARITABLES DE SAINT ELOI - BEUVRY/BETHUNE

  • Conférence sur la Confrérie des Charitables par Cécile Leurent

A l’époque des Rois maudits, en 1188, la peste fait des ravages en France, 70% de la population vont mourir. Deux maréchaux-ferrants, Gautier, de la ville de Beuvry, et Germon, de Béthune, ont tous deux une vision dans leur sommeil : Saint Eloi, patron des forgerons, leur demande de créer une « karité », une confrérie, pour soigner les malades, donner du pain aux pauvres et ensevelir les morts. Ils se mettent en route et se rencontrent à Quinty, à mi­-chemin entre les deux villes.

La première Karité se donne comme devise : « Union, Exactitude, Charité », ils sont vite rejoints par les habitants de Béthune et de Beuvry pour l’accomplissement de leur tâche, la peste recule et disparait. Mais les Karitaules continuent leur mission. Aucun de ces bénévoles n’est touché par la maladie, d’où nait une croyance en l’immunité des Charitables, croyance transmise oralement, les archives ne datant que de 1578.

Résumé de leur histoire : les deux premières confréries, nées dans l’urgence, sont reconnues officiellement par Louis XIV.

1789 est une année noire : la lutte contre la religion aboutit à une interdiction d’exercer, tous les biens sont confisqués. Pendant la Grande Guerre, les Charitables sont présents à Lorette en 1915. Pendant la Seconde Guerre Mondiale leur ville est ravagée par un bombardement en 1944, les Allemands veulent enterrer tous les morts dans une grande fosse commune, 500 habitants et Charitables se mobilisent et apportent des cercueils… Aujourd’hui la Confrérie compte 55 membres à Béthune, 11 d’entre eux participent à chaque cérémonie, ils assurent l’égalité absolue devant la mort : pour l’indigent solitaire comme pour le notable.

La confrérie est très hiérarchisée : en y entrant on devient « Confrère », le « Chéri » (ou cher et bien-aimé) est le chef d’équipe pour les services, les « Mayeurs » ont déjà quelques années de pratique, les anciens « Prévots », puis le « Prévot » en place, et enfin le « Vénérable Doyen ».

La tenue des Charitables est remarquable : chapeau bicorne noir, manteau cape noir, col, nœud papillon et gants blancs, petite bavette bleue. Ils arborent un bâton traditionnel en bois blanc surmonté d’un bouquet fait de thym et de 3 fleurs différentes qui symbolisent les termes de leur devise.

            De la levée de corps à la mise en terre le cercueil est l’objet de toute l’attention de la Confrérie qui l’entoure, l’accompagne, selon des rites séculaires. On se décoiffe au cimetière… A la fin de la cérémonie, une dernière prière est dite par le Prévot, puis le Chéri annonce : « Notre devoir est accompli, M. le Prévot ». A la fin du service tous les Confrères se mettent en cercle et forment le « Rond », le Chéri passe en revue chaque membre et propose une amende ou « bouquet » pour chaque faute, toujours vénielle (chaussures mal cirées, bouton manquant, gants absents…), le montant de l’amende est minime et le produit permet de financer le « jambon », repas convivial.

Les ressources de la Confrérie proviennent de dons, quêtes et subventions municipales. La quête des « petits plombs » a lieu en juin : les « méreaux », monnaie de plomb, sont échangés contre des petits pains.

Temps fort de la Confrérie : la Procession à Naviaux (navets) a lieu fin septembre, les confréries de Béthune et de Beuvry partent à la rencontre l’une de l’autre, portant les reliques, la chandelle de St Eloi (qui doit guérir les malades et les animaux), les couronnes centenaires, les bannières… Elles se retrouvent à Quinty.

Les Charitables mènent aussi une action sociale grâce aux dons de la quête des « petits plombs », toujours dans l’urgence et de façon ponctuelle ils veulent éviter la concurrence avec les associations caritatives.

Aujourd’hui 35 Confréries regroupent 700 Charitables.


ATELIER DU LIVRE D'ART ET DE L'ESTAMPE DE L'IMPRIMERIE NATIONALE

Le 21 MARS 2023, nous étions 13 pour la visite de l'Atelier du livre d'art et de l'Estampe de l'Imprimerie Nationale à AUBY.

L'Atelier du livre d'Art et de l'Estampe constitue un patrimoine vivant et matériel de l'Imprimerie Nationale. Considéré comme le plus ancien atelier d'imprimerie au monde encore en activité, l'atelier du Livre d'art et de l'Estampe incarne le savoir-faire d'excellence de l'Imprimerie nationale, héritière de l'Imprimerie royale créée en 1640. Dans cet atelier sont exposées des presses typographiques à bras comme celle mise au point par Gutenberg

Au cours des cinq derniers siècles, l'Imprimerie nationale avait occupé successivement le Louvre, puis l'Hôtel de Toulouse, l'Hôtel de Rohan, et, sous Napoléon 1er, des nouveaux bâtiments rue de la Convention à Paris, avant de déménager à Evry, puis à AUBY et bientôt dans de nouveaux bâtiments encore plus grands près de la gare de DOUAI pour le Parcours Muséal de 2026.

Notre guide, passionné par son travail, nous a permis de parcourir toutes les étapes de la fabrication, du poinçon jusqu'à l'achèvement d'un livre d’art.

Un poinçon est une tige d'acier à l'extrémité de laquelle un graveur dessine et grave, en relief et à l'envers, une lettre ou une vignette (dessin). Quand l'oeuvre est satisfaisante, le poinçon, durci par un traitement thermique, est enfoncé en force dans un bloc de cuivre. La lettre ou le dessin apparaît en creux. C'est la matrice. Elle est introduite dans une machine, d'abord à la main et, depuis le XIXème siècle, dans une machine à fondre mécanique


Dans la fonderie, nous avons assisté à la fabrication de quelques-uns des milliers de caractères typographiques produits par l’Imprimerie. Un mélange de plomb en fusion à 360°, de l'étain et de l'antimoine est versé dans une matrice, durcit très vite, puis est raboté à une hauteur de 23,56 mm exactement. Ces caractères appelés plombs sont ensuite rangés dans des « cases » (casiers) et permettent aux typographes de composer le texte à la main, lettre par lettre.

Toutes les écritures du monde sont représentées en poinçons dans cette imprimerie, dont rien que 40 000 idéogrammes pour les caractères chinois. Les plus anciens poinçons remontent à François 1er. Cette collection de 700 000 poinçons est classée monument historique.

Encore aujourd'hui, l'Imprimerie Nationale conçoit des polices de caractères identitaires pour les villes, les sociétés et des administrations. Dans la partie moderne de l'entreprise, on imprime entre autres des passeports biométriques et d'autres pièces ultra-confidentielles.

Nous avons également pu assister à l'impression d'une gravure en taille douce. Une œuvre gravée directement sur une plaque en métal par un artiste est badigeonnée d'encre, essuyée plusieurs fois soigneusement avec des tarlatanes (tissus ressemblant à du tulle), puis imprimée dans une presse sur un papier humidifié. L'atelier est équipé de trois presses de taille-douce dont l'une datant du XVIIIème siècle sur laquelle ont été imprimées les gravures de Corot, Millet et d'autres artistes.

Au fil de notre visite, nous avons pu admirer différentes réalisations conservées par le musée de l'Atelier du Livre d'Art, depuis un magnifique aigle dans un grand livre ancien du temps de la découverte de l'Egypte, en passant par le Sacre de Napoléon, jusqu'aux œuvres d'artistes contemporains qui font travailler l'Atelier du Livre d'Art actuellement.

Un repas excellent au BYSTROT GOURMAND de AUBY a clôturé notre excursion.
Christina et Béatrice


"Les Muses des Artistes" - "Derrière chaque grand homme, il y a une femme" par Marie Castelain - historienne de l'Art

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Médecine génomique, Médecine de demain ? espoirs et illusions

Médecine génomique, Médecine de demain ? espoirs et illusions

Conférence passionnante par le Professeur Sylvie Manouvrier- Département universitaire de Lille - Clinique de Génétique Guy Fontaine du CHU de Lille.

La médecine génomique

La génétique médicale est une discipline récente dédiée aux patients atteints de maladies génétiques (qui sont souvent des maladies rares mais touchent plus de 5% de la population) 

Rappelons que notre corps est constitué de cellules qui proviennent toutes de la première cellule, union de l’ovocyte et du spermatozoïde.

Au cœur de chacune d’entre elles se trouve le noyau qui contient les chromosomes. Ces derniers sont constitués d'ADN qui porte les gènes, qu’on peut comparer à des recettes nécessaires au développement puis au fonctionnement des divers organes et tissus du corps.

Les techniques d’analyse de la totalité de l’ADN du noyau d’un individu (son génome) sont de moins en moins couteuses.

La génétique médicale a pour objectifs le diagnostic des maladies génétiques et, grâce à l’expertise des généticiens, la prise en charge des patients de manière :

  • Prédictive : connaitre la(es) maladie(s) risquant de se déclarer chez une personne avant l’apparition des premiers symptômes ;
  • Préventive : prévenir des récidives (par diagnostic prénatal ou préimplantatoire en cas de maladie grave et non curable) ou mise en place des mesures de prévention de la maladie avant qu’elle n’apparaisse chez des personnes à risque ;
  • Participative (avec l’accord de la personne)
  • De précision, plutôt que Personnalisée.

Le généticien a également un rôle important dans l’information génétique au patient et à ses apparentés.

Cependant, les choses sont plus complexes qu’il n’y parait car :

  • Le génome nucléaire (l’ADN du noyau des cellules) n’est pas le seul que possède une personne : il y a aussi l’ADN contenu dans les mitochondries (petites structures contenues dans les cellules à qui elles fournissent l’énergie), celui des millions de bactéries qui colonisent l’intestin et dont les variations peuvent être des facteurs favorisants ou protecteurs de nombreuses pathologies et, en cas de tumeur maligne, l’ADN tumoral qui a subi des modifications par rapport à l’ADN constitutionnel de la personne ;
  • L’environnement interfère avec le capital génétique et certaines variations génomique peuvent être délétères dans un environnement ou constituer un avantage dans un autre ;
  • Être capable de séquencer la totalité des 3,2 milliards de paires de bases ATGC d’un individu ne signifie pas qu’on en connaisse pour autant la signification. En effet, d’une part les parties codantes de l’ADN (gènes = recettes) ne représentent que 2% de ce dernier, le reste portant les éléments régulateurs permettant aux gènes de s’exprimer au bon moment et dans les bonnes cellules (or ces éléments régulateurs restent très mal connus) ; d’autre part, il reste souvent très difficile de connaitre réellement les conséquences des milliers de variants identifiés chez chaque individu.

Si le séquençage est maintenant automatisé et réalisé en quelques jours, l’interprétation d’un génome nécessite le recours à une bio-informatique puissante et à l’intelligence humaine pour confronter les données obtenues et la clinique.

Il faut parfois des mois voire des années pour obtenir un résultat fiable. Et les analyses doivent être réinterprétées au fur et à mesure des progrès des connaissances.

  • Enfin, l’interprétation correcte du génome d’un individu nécessite de pouvoir le comparer à celui des ses parents, qu’il faut donc pouvoir prélever eux aussi.

Néanmoins, la médecine génomique a un intérêt majeur dans les maladies rares (et d’autres), que ce soit au niveau du diagnostic, car d’un diagnostic de certitude dépend souvent l’amélioration de la prise en charge et la prévention des complications (par exemple le diagnostic étiologique de la déficience intellectuelle est passé de 12% à 45 %) ; ou de l’information génétique du patient et de ses apparentés.

La médecine génomique permet aussi d’adapter les traitements : par exemple administrer la bonne dose d’un médicament en fonction de la sensibilité individuelle à ce dernier ; ou choisir la molécule adaptée au génome tumoral.

Si la médecine génomique comporte donc déjà d’importantes avancées et suscite beaucoup d’espoirs, il n’est pas inutile d’en connaitre aussi le revers de la médaille, notamment les questions éthiques soulevées par les découvertes dites additionnelles.

En effet, l’analyse complète du génome ne peut être ciblée sur les gènes potentiellement impliqués dans la pathologie justifiant l’analyse.

Elle risque donc d’identifier des anomalies sans lien avec le motif de la prescription et qui pourraient avoir un impact sur la santé du patient et/ou de ses apparentés, mais dont la signification réelle peut rester incertaine en l’absence d’histoire familiale ou personnelle.

D’autre part, certaines variations identifiées peuvent constituer un facteur de prédisposition (obésité, diabète, difficultés scolaires…) parfois très faible et toujours largement impacté par l’environnement.

La question du réel intérêt de le savoir versus l’impact délétère de cette révélation sur le regard que des parents peuvent poser sur leur enfant doit être posée.

Actuellement, en France tout patient présentant une pathologie pouvant avoir un caractère génétique peut bénéficier d’une analyse génétique ciblée sur sa pathologie (par exemple 80 gènes de surdité ; Plus de 500 gènes de déficience intellectuelle ; gènes de prédisposition aux cancers …) prescrite par un médecin quelque soit sa spécialité.

Ces analyses sont adressées dans un des laboratoires nationaux agréés experts de la pathologie.

En revanche l’analyse du génome complet ne peut être prescrite que par un généticien compte tenu de sa complexité qui doit être bien expliquée au patient.

Chez les patients qui ne sont pas eux-mêmes malades mais chez qui une analyse génétique est nécessaire soit parce qu’ils sont susceptibles d’avoir un enfant atteint d’une maladie génétique, soit parce qu’ils sont eux-mêmes à risque de développer une maladie identifiée chez un de leurs parents (médecine prédictive), l’analyse ne peut être prescrite que par un médecin généticien.  

Les analyses génétiques accessibles sur Internet : génétique récréative, mais pas que !

Malgré leur interdiction en France, de multiples propositions d’analyse génomique sont accessibles sur Internet à partir de pays étrangers (USA, Chine, Inde …).

Elles vous proposent parfois de connaitre vos ascendances (ce qui peut rester récréatif, même si assez peu fiable), mais aussi des tests de paternité, d’identifier le « bon » partenaire … et parfois vos éventuelles prédispositions aux maladies (cancers, pathologies cardiovasculaires etc.).

Ces analyses manquent de fiabilité et ne peuvent être correctement interprétées en l’absence de données médicales et familiales.

Ne vous laissez pas tenter !