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OULU

OUUUULU … un jour sans fin, sous le soleil exactement
Dès potron-minet ce lundi 25 juin, 40 lycéennes de France et leurs "escortes" se pressent au terminal 2F Gate 53 où le vol AF 1577 est annoncé pour Helsinki !
L'œil vif, elles et ils se réjouissent de découvrir Tallin puis le nord de la Finlande, pour les Rencontres Culturelles Internationales.
A peine atterri, une fois récupérés bagages et Cie, en route pour le ferry qui traversera hardiment la Mer Baltique en direction de l'Estonie.
Il fait beau, le soleil est déjà haut, et le ferry fend la Baltique aux tons changeants et laisse moutonner derrière lui l'écume du jour. Par endroit flottent quelques morceaux d'ambre gris, qui laisse imaginer quelque invisible cachalot.
Deux heures sur la mer, le temps s'étire au fil de l'eau et nos amis quittent le pont ensoleillé pour se retrouver autour d'un généreux buffet.
Mais voici que déjà se profilent le Port de Tallin, ses remparts du XIIIe siècle, la vieille tour Kiek in Kok et la rivière Pirita qui traverse la ville basse.
Autrefois dénommée Reval, elle apparait dans l'histoire au IIe siècle avant notre ère et, au Moyen Age, c'est déjà une cité commerçante importante, qui contrôle le commerce du sel.
Possession des Chevaliers Teutoniques elle connait une forte migration allemande avant de passer sous le joug de la Suède.
A leur arrivée, nos amis se pressent pour découvrir All-Inn la ville basse, l'imposant Hôtel de Ville de style gothique affirmé, et les rues typiques où se soutiennent les maisons médiévales parfaitement conservées, dominées par le clocher phare de Saint Olaf, haut de 47 mètres, et rassurant les navires en approche.
[*Mardi*], c'est Tompea et son château "rose" img_1073.jpgdu XIIIe siècle, flanqué de la Tour Pika Hermann qui a repoussé tous les assauts des envahisseurs. L'immense Palais du Parlement montre la puissance de la ville, son importance au sein de la Ligue hanséatique qui fait de Reval/Tallinn une place commerciale incontournable.
L'architecture des différents monuments, riche des influences des contrées voisines (et parfois rivales) ravit nos amies par les styles baroque ou moscovite, dont la cathédrale Alexandre Nevski est le plus bel exemple; c'est le moment de souligner l''œcuménisme de la ville qui, depuis les temps les plus lointains, accueille tout à a fois les diverses religions.
Deux heures de mer plus tard, c'est le retour à Helsinki, la visite de l'Ateneum, img_1153.jpg
la photo devant le monument à Sibelius, et un soir tardif qui laisse préfigurer les jours sans fin des lendemains.

Mercredi 27 juin ![**]
Voici Oulu où nos amies finlandaises toutes chapeautées de fleurs accueillent avec un chaleureux enthousiasme les participants des deux hémisphères, et s'assurent que chacun, chacune est bien installé dans le bon hôtel !
Le nôtre est bordé par la rivière Oulu, et le matin, car il y a un matin, ce n'est que bonheur de marcher le long des berges, au milieu des arbres, de traverser les petits ponts de bois blanc, de déranger les canards la tête encore sous l'aile, de s'arrêter contempler une iris jaune à peine éveillé !
Après l'harmonieux désordre de l'arrivée et les cadeaux de bienvenue, le soir, car il y aussi un soir rayonnant de lumière, nous découvrons l'Hôtel de Ville où le Maire nous accueille avec chaleur et compétence, nous faisant part de son admiration pour le Lyceum, les valeurs qu'il défend depuis plus d'un siècle, leur modernité dans la pérennité. mairie_jpg.jpgp1200699.jpg

C'est l'heure des retrouvailles des deux Hémisphères, à grand renfort de rires, de "hugs" et de joyeuses embrassades.
Le soleil un peu plus bas dans le ciel annonce bientôt le matin du ...

Jeudi 28 juin [**] :
Hélas ! Il pleut ! Mais entre les parapluies, les ponchos et les chapeaux, tous, équipés et heureux, se retrouvent auprès des cars qui les emmènent aux quatre coins des proches environs.
[**1 - l'île d'Hailuoto*]
Les nostalgiques du ferry ont choisi de visiter cette petite île, accessible en bateau l'été, alors que l'hiver une route traverse la Mer de Glace, pour aller sur le continent.
L'ile est dotée d'infrastructures permettant aux habitants d'y travailler : école, hôpital y sont présents, mais le beau métier de pêcheurs ne fait plus recette : il reste 2 bateaux.
Bordée de dunes, Hailuoto attire les artistes, et surtout les amoureux de la nature : la visite de la maison d'Anni Rapionoja, artiste et biologiste, en est un parfait exemple. Elle crée des objets insolites à partir de matériaux naturels : feuilles, lichen et bois flotté auxquels elle offre une seconde vie à travers des sculptures, des chaussures, ou des sacs. ile_d_hailuoto_pres_d_oulu_1_.jpg
Dans un tout autre domaine, la visite d'une micro-brasserie tenue par un jeune Français nous permet de découvrir que la bière locale est faite d'une eau très pure, et mérite l'appellation "Bio" !
Après une soupe au saumon, la bien venue pour nous réchauffer, nous quittons l'île et son phare du Bon Secours.
[**2 - Oulu Ville*]
Visite de la cathédrale, dans laquelle une ravissante pasteure luthérienne, docteur en théologie nous accueille.
Bras droit de l'Evêque, pour une paroisse de 16000 âmes, elle nous détaille la pureté des lignes de l'édifice, ses vitraux contemporains qui reflètent la splendeur d'un soleil omniprésent, et la crypte où nous attendent de jeunes luthériens, attentifs et chaleureux. cathedrale_oulu.jpg
Sous la pluie nous traversons le parc Maria Silfan, derrière l'Hôtel de Ville, où la statue du "Temps qui passe", œuvre de Sanna Loivisto, illustre les occupations des habitants.
Le Centre ancien abrite le Lycée - qui a formé 3 présidents !
Arrivée à l'île Pikissari, c'est la pause dans un restaurant typique en rondins de bois, où nous dégustons un plat de ???... saumon /pomme de terre.
Prêts à repartir, nous déambulons entre les constructions traditionnelles en bois où nous accueillent des artistes designers d'exception : pointillistes, maitres d'œuvres en trompe-l'œil (très prisées), coloristes puissants ou fondeurs, tous nous permettent de découvrir la multiplicité des talents et leur modernité.
Point d'orgue de la promenade : le port avec ses multiples bateaux aux couleurs vives, soulignées par la douceur de la brume et de la pluie.
[**3 - Les églises peintes*]
Une des grandes richesses du patrimoine finlandais : ces églises en bois, ornées de fresques colorées. eglises_peintes_e.jpg eglise_peintes.jpg
Églises luthériennes tradi-tionnelles, leur architecture a été inspirée par la Suède et la Russie, et s'ornent selon les cas de coupoles, bulbes et décors chatoyants. Toutes ravissantes et uniques, elles révèlent des peintures d'une grande fraicheur, parfois naïves, toujours exceptionnelles par leur intense vérité.
Dans certains cas, le clocher se situe à côté de l'église, car pouvant également servir de phare.
Ces lieux de culte sont pour la plupart entourés d'un petit cimetière accueillant uniquement les morts pour la patrie.
Et nous apprécions, dans la ferme-musée, avec bonheur et gourmandise... une soupe au saumon !
[**[**4 - By the Riverside*]*]
Source de richesse et de prospérité, la rivière Oulu est longue de 107 kms et ses bords étaient déjà occupés il y a environ 8000 ans.
Nous traversons la forêt, dans le bruissement des bouleaux plaqués d'argent, parfois enserrés dans les bras de hauts pins, attentifs à ne pas les étouffer !foret_lac.jpg Ah ! la vie secrète des arbres, leur complicité, leur attention aux autres habitants des forêts, leur organisation pour une meilleure cohabitation, tant de découvertes au long de cette route secrète, qui nous conduit à Turkansaari !
Au XIIIe siècle, la Baltique était contrôlée par les Allemands qui apportaient le sel aux populations du Nord, dont les deux principales richesses étaient le saumon et la résine. La rivière était le seul chemin utilisé pour l'ensemble des produits échangés et dès lors Turkansaari est devenu, au XVe siècle, le pivot incontournable des différents commerces.
Nous visitons le Musée de Plein Air, s'étendant sur plusieurs hectares (l'un des plus importants de Finlande) où nous découvrons à tour de rôle l'habitat des paysans au siècle dernier et, particulièrement, la fabrication du goudron à base de résine, le tar, img_5941.jpgqui fut la grande richesse de cette région de Finlande. Notre guide nous montre un puits servant à chauffer le goudron, transporté ensuite dans des bateaux longs et fins le long d'Oulu River. Dans cet espace où la pluie fine étouffait les rares bruits de la forêt, nous sommes imprégnés de ce silence ouaté, où les rares mots prononcés à voix basse semblent suspendus dans l'air.
Dans la ferme-auberge typique du XVIIIe siècle, nous découvrons, suspendus au plafond, une multitude de miches de pain sèches et gravées au nom des mariés miche_pain1.jpgqui recherchent ce lieu privilégié, son église peinte en jaune et ses environs préservés.
Repartant vers Muhos, nous suivons la rivière toujours présente et qui au cours des siècles a vu évoluer les différentes ressources du pays, du goudron au bois, du bois au papier, aux centrales électriques puis à l'électronique.
Comment ne pas admirer au plus haut point cette capacité d'adaptation au contexte historique, aux circonstances économiques, aux moyens proposés, dans le respect de l'environnement !
Après avoir visité rapidement la plus ancienne de leurs églises en bois (plus de 340 ans) et admiré les fresques naïvement colorées des prophètes, nous nous dirigeons vers la Centrale électrique de Leppiniemi, et son complexe architectural.
Bâtie par Aarne Ervi, célèbre architecte spécialiste de ce type d'ouvrage d'art, cette centrale fut la première édifiée en Finlande. Compte tenue de la durée des travaux tout un complexe de vie fut édifié autour pour les "bâtisseurs". Aujourd'hui, les maisons des ouvriers s'arrachent à prix d'or dans un environnement sylvestre et bucolique, bercé par le bruit de l'eau.
La villa Leppiniemi conçue par Aarve Ervi lepiniemi.jpg fut entièrement aménagée par Alvar Aalto, jusqu'au moindre détail du mobilier. Ces deux artistes inventifs et visionnaires ont édifié une villa de béton, intemporelle, aux baies structurant le paysage comme des tableaux, dans des matériaux splendides alliant beauté et efficacité, et utilisant les terrasses couvertes en tant qu'effet dedans/dehors. C'est à ce jour le "must" pour accueillir les chefs d'état étrangers... et le Lyceum pour un brunch convivial.
Sur le chemin de retour, nous découvrons l'immense talent de la peintre-coloriste Terttu Jurvakainen qui s'empare des fleurs terrtu.jpget les "jette" en quelque sorte sur ses toiles en usant sans ménagement de couleurs violentes qu'elle juxtapose d'une manière unique : voir la nature devenir peinture ...
A 19 h, le Gala Dinner nous réunit toutes et tous au bord d'une mer de "lait" reflétant les nuages que le soleil n'arrive pas à percer.
Dans la gaité, la bonne humeur, et la décontraction, nos amies finlandaises nous attendent pour un moment privilégié de partage et d'échanges : anglais, allemand, français, finnois, la barrière de la langue s'est envolée devant tant de joie et d'amitié rayonnante, qui est la langue universelle encore parlée ce soir par le Lyceum.
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Mi-nuit, mi-jour, il faut rentrer sous ce ciel voilé par l'absence d'un soleil pourtant toujours présent et nous traversons la forêt du retour, où, dans les arbres, ombres et lumières, les chatoiements des reflets s'expriment, comme les tons verts, d'une improbable symphonie en Fa majeur que Sibelius aurait peut-être voulu écrire.
Beauté de l'impermanence d'un instant éternel et fugitif ! soleil_miniuit.jpg

Nous sommes allés au bout de la lumière !

A nos amies finnoises, à toutes celles et ceux qui ont partagés avec nous ces moments uniques

KIETOS !

“et”, [*vendredi 29*]
le retour à la vie pratique, ordinaire et désorganisée : le vol ... est retardé, la correspondance est ... ratée , les valises ... égarées, l'arrivée ... loupée ! tout est ... "paumé" sauf l'AMITIÉ !
V.M.
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PARIS

DISCOURS  de Véronique MATTEOLI au DÎNER DE GALA À L’INTERALLIÉ

au Madame La Présidente de l'AILC, Chère Ingrid
Madame la Vice-Présidente Internationale, Hémisphère nord, Chère Muriel,
Mesdames les Présidentes des Fédérations nationales d'Australie, d'Allemagne, de Nouvelle-Zélande, de Suisse, et des Pays Bas,
Madame la Past-Présidente de l'AILC, Chère Eltje,
Mesdames les Past-Présidentes de la Fédération Française du Lyceum Club, Chère Françoise, Chère Jacqueline,
Madame la Présidente d'Honneur du Lyceum Club International de Paris, Chère Solange,
Mesdames les past-présidentes,
Chères amies et Chers accompagnants,
Bienvenue, Welcome, Wilkommen.
Mes premiers mots seront pour remercier Mme Isabelle Schlumberger, Présidente du Lyceum Club de Paris, et tous ses membres d'accueillir ce soir, dans ce lieu prestigieux les 17e Rencontres Culturelles Internationales.
D’ores et déjà, je voudrais saluer l‘intense travail réalisé par le Conseil et par toutes celles qui se sont portées volontaires avec tant de générosité pour faire de ces journées un moment privilégié et remercier tout particulièrement notre amie Béatrice Sohier pour le travail exceptionnel d'organisation qui a permis la mise en œuvre de ces moments.
Événement rare, Événement heureux, Événement exceptionnel :
Celui qui nous réunit aujourd'hui au Cercle de l'Union Interalliée est tout à la fois.
Par votre présence à vous tous aujourd’hui à Paris, certains venant des antipodes, afin de partager cet événement, vous êtes les témoins – dois-je le souligner ? – de cette amitié unique et rayonnante qui nous unit.
Nous avons souhaité que ces deux journées soient pour vous :
- un moment d'amitié et de détente,
- un moment de partage et d'échanges fructueux
- un moment de découverte ou de redécouverte de notre patrimoine culturel d'une infinie richesse qui ne cesse de s'accroître et de s'embellir.
Le choix que nous avons fait du Cercle de l'Union Interalliée pour notre dîner de gala de ce soir est un choix réfléchi.
En effet, l'association de l'Union Interalliée a été créée en 1917 afin de proposer un lieu d'accueil aux personnalités de différentes nations dans un esprit de paix, de tolérance, de générosité, dans le partage du Beau et du Bon, afin d'assurer un avenir meilleur aux générations futures. Quand le Maréchal Foch en fut l'un de ses présidents, son épouse a exigé de lui que cette association soit également ouverte aux femmes.
Cette dimension internationale est parfaitement conforme au rêve de cette jeune Constance Smedley, qui a décidé au début du siècle dernier de favoriser la création d'un lieu de rencontre réservé aux femmes désireuses de partager leur goût pour les arts, les lettres et les sciences dans un esprit d'ouverture et d'amitié
Un peu moins de 120 ans plus tard, c'est grâce à elle que nous sommes ici rassemblées et ce n'est pas un hasard !
Depuis plus de 70 ans, c'est une véritable “histoire d'amour” qui lie le Lyceum et le Cercle de l'Union Interalliée, où se sont tenues les assemblées générales du Lyceum Club de Paris, à l'époque où il s'appelait encore “Club Féminin de Paris" et celles de la Fédération Nationale, ainsi qu'un grand nombre de déjeuners, dîners, conférences, concerts et bien d'autres manifestations festives.
De Mme Le Bec, présidente dès 1945, à Hélène de la Baume, notre club a toujours été présent dans ce lieu raffiné qui fête ses 100 ans cette année.
Nous sommes réunis ce soir dans le cadre des Rencontres Culturelles Internationales biennales.
La première de ces rencontres a vu le jour en 1994 grâce à la volonté de trois Lycéennes que je veux honorer ce soir.
Dès 1992, Hélène de la Baume, alors Présidente de la Fédération française et du Lyceum Club de Paris, ainsi que Françoise Feuillée, ici présente, alors Présidente du comité des Dames du Cercle de l'Union Interalliée, soutenues dans leurs actions par Jacqueline Suttin, alors vice-présidente de la Fédération, par Janine Recoules, alors trésorière de la Fédération et par Mme Idy Rohner, alors Présidente de la Fédération des Lyceum Clubs de Suisse - quelle formidable équipe ! - ont donc imaginé de renforcer les liens entre les clubs par des rencontres autour d'activités culturelles grâce aux liens déjà tissés par le Bulletin Européen du Lyceum, devenu le Bulletin International.
C'est ainsi qu'est née "l'Europe des Lyceum" et que la première "Rencontre" eut lieu, en 1994, à Beaune, autour d'un événement majeur, le Festival de Musique Baroque, dirigé par le tout jeune William Christie !
Plus de 40 lycéennes venant de Suisse, d'Allemagne et d'Angleterre ont participé à ces premières rencontres. Les contacts ont été renforcés. Des liens d'amitié se sont noués autour d'événements culturels majeurs et votre présence à vous tous ce soir prouve à quel point cette rencontre est désormais un moment essentiel de notre vie lycéenne.
Après le Congrès d'Helsinki, en 1995, année bien remplie, puisque, à la suite de la France, l'Allemagne a accueilli au mois d'août la deuxième rencontre européenne des clubs autour du festival de musique du Rheingau, ces rencontres se sont succédé entre les congrès triennaux jusqu'à ce jour.
Quelle autre association peut accueillir chaque année dans un pays différent et sur chacun des deux hémisphères des femmes prêtes à faire le chemin pour retrouver cette atmosphère d'amitié unique et profonde, offrant un tel rayonnement, une telle ouverture d'esprit, des contacts si variés et un enrichissement culturel continu, dans la droite ligne tracée par notre fondatrice ?...
Helsinki, Rotorua, Rome, Orléans, Hambourg, Lausanne, ces noms claquent comme des drapeaux dans le vent et tracent autant de chemins vers l'échange et le partage.
Comment oublier le Congrès de Perth, dans cette Australie, terre de contrastes et d'accueil, les Rencontres culturelles de Florence dans les pas des Médicis, celles de Berlin, “eine grune Stadt” vive et joyeuse, et le Congrès d’Amsterdam entre ciel et mer ?
Durant tous ces moments de chaleureuse amitié, source d'échanges multiples, nous sommes unies par le partage des valeurs qui constituent le fondement de notre Club.
Fortifions notre solidarité internationale, favorisons nos échanges intellectuels, créons et multiplions les liens et prenons conscience de ce que nous sommes capables de faire pour les autres.
Ce soir, plus que jamais, nous vivons cette dimension internationale qui nous permet de prendre la mesure de ce que nous sommes : une association unique que nous nous devons de faire vivre et d’en transmettre les valeurs.
La diversité des femmes qui nous rejoignent, l’ouverture d'esprit, l’attention aux autres, l'amitié parfois discrète, toujours présente, qui y règne et surtout la volonté d'enrichissement culturel continu et partagé, toutes ces valeurs sont notre force.
Alors, qui pourrait ne pas souhaiter la pérennité du Lyceum ?
Nous devons savoir évoluer et nous adapter sans, pour autant, perdre notre âme et savoir profiter des opportunités de l'avenir sans oublier les permanences de notre passé.
Alors, dans l'esprit du testament spirituel de notre fondatrice, continuons à défendre nos valeurs.
Donnons à notre vie un sens profond et précieux, en s'entraidant dans l'amitié, l'espérance et l'ouverture aux autres.
Vivons au quotidien ces valeurs qui sont notre bien et contribuons ainsi petit à petit à changer le monde.
Cultivons les idées et continuons d’apprendre.
Faisons rayonner l'essence de notre Club "le goût des autres et celui de l'esprit" !
“We have so much to gain to meet each other”, écrivait Constance Smedley

C'est le meilleur que je vous souhaite ce soir.


BERLIN

Jeune ville de 800 ans, née au Moyen Âge du rapprochement de bourgades dirigées par les Ascaniens et leur chef Albert Ier l'Ours (d'où peut-être l'origine du blason de la ville), puis se développant grâce au commerce à l'origine de son premier essor, Berlin passe ensuite sous le contrôle des Margraves de Brandebourg, qui favorisent l'alliance avec la Hanse.
Au XVIe siècle, après la Réforme luthérienne, cette cité accueille les protestants fuyant les exactions des catholiques et est alors portée au plus haut par la grande famille des Hohenzollern.
Déchirée par la Guerre de Trente Ans, cette ville, magnifiquement redressée par la dynastie des “Frédéric” de Prusse, connaît un admirable renouveau culturel tant par la littérature, avec Gœthe, que par la musique, partie intégrante de l'âme germanique.
À nouveau dévastée par les guerres napoléoniennes, puis réunifiée après le Congrès de Vienne et l'Unité allemande, elle est très vite brisée par la Première Guerre mondiale. La crise de 1929, dont les socio-démocrates sont rendus responsables, amène le régime nazi au pouvoir.
À peine relevée, Berlin est encore bombardée, divisée, ruinée et enfin rassemblée !
Berlin, jamais épargnée, toujours renouvelée, Berlin, tombée sept fois, relevée huit fois, est une cité de la diversité, une capitale inachevée à l'architecture polymorphe allant du gothique au baroque (château de Charlottenburg), du rococo (château de Sans-souci) au postmoderne, en passant par le néo-classique avec la Porte de Brandebourg, l'école de K.F. Schinkel tout au long de l’avenue Unter den Linden, sans oublier le Bauhaus à l'origine de toute notre architecture contemporaine.
Huit fois plus grande que Paris et deux fois moins peuplée, avec plus d'un tiers de sa superficie en espaces verts, parcs, lacs et forêts, ainsi voulue dès 1920 par un médecin soucieux de la bonne santé des Berlinois, ville verte toujours en mutation, évoluant sans cesse au rythme des saisons, Berlin dégage une joie de vivre apaisée, malgré les vicissitudes qu'elle a connues.
Dienstag - Mardi 19 mai 2015.
Après un vol quelque peu bahuté, nous arrivons vers 16 heures à l'hôtel Ramada, point de rencontre de l'ensemble des lycéennes, pour notre enregistrement : accueil chaleureux, très organisé, où l'on prend tout de suite la mesure de l'efficacité de nos amies berlinoises.
Dorette Schuppert, Présidente du Lyceum de Berlin, nous accueille dans l'un des musées en pleine rénovation, dont la visite se poursuivra jusqu'à 20 heures.
Mittwoch- Mercredi 20 mai 2015.
Départ à 9 heures 30 pour un sightseeing de la ville.
Toutes les lycéennes francophones - suisses, belges et françaises - se retrouvent enrubannées de rouge, couleur de reconnaissance, prêtes à monter dans des cars assortis d’une affiche rouge.
Notre très jeune conférencier nous guide tout autour de la ville et nous en fait découvrir les principaux monuments, places et artères, de l'Ouest à l'Est.
Il nous retrace les grandes lignes de l'histoire de la ville, construite à l’origine sur un terrain marécageux, d'où son nom “Berlin”, signifiant un marais. L’avenue que nous parcourons était au tout début une zone de chasse, marquée par un petit sentier en forme de digue, qui deviendra bien plus tard cette magnifique avenue des Princes Électeurs, appelée maintenant le Ku’damm (digue des vaches), où sont situés l'Institut français ainsi que le célèbre Café Krausler.
Nous passons devant l'Église du Souvenir, dont il ne reste que quelques pans, terrible témoignage de la violence des bombardements. Elle est maintenant entourée de deux tours, œuvre d'Egon Eiermann, volontairement bâties en octogone “forme sacrée”, et éclairée sur toute la hauteur de vitraux “bleu de Chartres”, qui rendent une lumière quasi céleste.
Nous longeons des murs ornés de photos gigantesques de la Capitulation et de la Reconstruction. À la lueur de toutes ces différentes expressions du drame de la guerre, on peut mesurer l'énorme travail de souvenir et d'acceptation effectué par les Berlinois et saisir à quel point ce drame reste présent, y compris, et peut-être surtout, pour cette jeune génération qui n'a pas vécu la guerre.
Poursuivant notre route, nous regardons avec perplexité l'Arc de Cercle offert par Jacques Chirac pour les 750 ans de la ville, symbolisant la latitude que partagent Berlin et Paris.
Nous arrivons aux derniers pans du Mur, se dressant sur un terrain volontairement laissé nu et montrant, marqué au sol par une rangée de pavés, le no man's land qui existait entre les deux rangées de barbelés, où tant d'hommes et de femmes ont perdu la vie.
En longeant le canal, nous arrivons au Ministère de la Défense, où furent enfermés, puis fusillés le général von Stauffenberg et ses amis, puis traversons le quartier des Ambassades, passons devant la Philharmonie toute récente, œuvre de Hans Scharoun… et voici l'île aux Musées que nous aurons l'occasion de visiter le lendemain, la Bibliothèque Nationale, œuvre de Mies van der Rohe, puis la Potsdamer Platz et le magnifique Sony Center à l'architecture lumineuse, représentation symbolique du Fujiyama.
Nous laissons derrière nous le Checkpoint Charlie et arrivons à la Porte de Brandebourg, surmontée de son célèbre quadrige, emporté en 1806 par Napoléon, puis ramené à Berlin en 1815.
Nous sommes à l'Est et il est frappant de voir la différence architecturale extrêmement marquée entre les deux parties de la ville. L'Est, ancien centre architectural et culturel de la ville, a souhaité une reconstruction dite “historique” de ses bâtiments à l'identique, alors que l'Ouest a voulu exprimer sa liberté dans un choix architectural contemporain.
Durant ce parcours, longue marche dans cette histoire terrible qui fut aussi la nôtre, une émotion certaine nous envahit et un court arrêt est le bienvenu.
Au retour, nous passons devant les Galeries Lafayette, dont l’architecture est de Jean Nouvel, puis devant l'Église des Français datant de 1705 et faisant face à l'Église allemande. Nous arrivons à la fameuse avenue Unter den Linden, “Sous les Tilleuls”, qui relie le Parc zoologique au Palais Impérial par la Porte de Brandebourg.
La statue équestre de Frédéric le Grand précède la place de l'Autodafé de 1933, remarquablement symbolisé par une grande plaque de verre couvrant de grandes étagères vides.
La Caserne de Schinkel et l'Arsenal nous ramènent dans l'île aux Musées. L'église Saint-Nikolai nous ravit de ses clochers très byzantins. Nous admirons le contraste voulu entre le Reichstag et sa coupole futuriste, et… il est temps de partir pour Charlottenburg afin d'embarquer pour une promenade en bateau sur la Spree, où nous aurons, tout en dînant, le temps d'admirer l'autre côté du “miroir”.
Le soleil couchant rougit le ciel encore “bleu Berlin”, ce bleu particulier à la fois mat et profond. De chaque côté des rives ombragées de la Spree, les plages vertes sont animées de rires colorés de Berlinois savourant tranquillement la fin de la journée.
C'est le moment si doux où le jour le cède à la nuit qui avance tranquillement déjà piquetée d'étoiles et des lumières de la ville. Twinkle, Twinkle Little Star … Les stars, ce sont nos amies lycéennes heureuses de se retrouver pour partager ces temps rares au cours desquels on rit en français, en anglais, en allemand, et l'amitié qui y règne est universelle.
Donnerstag- Jeudi 21 mai 2015.
Réception officielle de notre Groupe Culturel par Mme Schaadt, compagne du Président de la République.
Nous nous retrouvons vers 11 heures à l'Église Sainte-Élisabeth, entièrement réhabilitée, mais volontairement laissée dans son jus de briques roses et brutes, ce qui lui donne le charme de l'inachevé.
Quelques mots de bienvenue de Mme Schaadt, simple et charmante, puis de Dorette Schuppert, Présidente du Lyceum de Berlin, et, enfin, de Ingrid von Rosen, notre Présidente Internationale.
Une photo d'ensemble est prise sur les marches avant le délicieux cocktail qui s'ensuit.
C'est là que quelques-unes oublient le coffee-break pour se rendre au Pergamon. Incontournable musée archéologique, véritable bond en arrière de presque 2000 ans, choc culturel, s'il en est, par la beauté des monuments et leurs dimensions colossales !
On ne parle plus de sculptures, nous sommes dans le “monumental” : la Porte d'Ishtar qui marquait l'entrée de l'ancienne Babylone, les soubassements du Palais de Mshatta, l'autel de la ville grecque de Pergame, la porte gigantesque du marché de Milet. Tous ces monuments ont été démontés et remontés tels quels à l'intérieur du musée à partir de 1871, date à laquelle l'empire allemand a décidé de rapatrier une très grande partie des fouilles archéologiques faites au Moyen Orient. (Bien leur en a pris ! Ces chefs d'œuvre sont au moins sauvés.)
Nous entrons dans Babylone, marchons avec les Perses, caressons les lions du Palais d'Assuérus et croisons le regard énigmatique des sphynges de pierre.
Le silence est roi, les pas résonnent dans l'histoire, écoutez attentivement. N'entendez-vous pas les chevaux piaffant devant le Palais de Mshatta, les chars franchissant la Porte d'Ishtar pour s'élancer vers le désert et, un peu plus loin, les appels des marchands à Milet… ?
Dehors, il faut reprendre notre souffle. Une marche pensive nous amène au Reichstag, où nous retrouvons l'ensemble de notre groupe francophone.
Construit en 1894, le Reichstag abrite le Parlement allemand. L'incendie de 1933 par le parti nazi devient le symbole de la mort de la démocratie. Très endommagé après la Seconde Guerre mondiale, il est vidé de ses députés et souffre de la construction du Mur, tout proche. En juin 1991, le Bundestag vote le rétablissement de son siège et fait appel, en 1995, à l'architecte anglais Norman Foster pour achever la transformation du bâtiment qui sera désormais couvert d'une gigantesque coupole de verre accessible aux visiteurs. Les travaux se terminent en 1999.
Mention spéciale pour l'emballage du bâtiment par Christo en 1995 !
Du sommet de la coupole, nous profitons d’une vue panoramique exceptionnelle sur la ville, ce qui nous permet d'en voir les principaux monuments.
Le soir, nos amies berlinoises accueillent les 250 participantes aux Journées. Saluons cet exploit, car elles ne sont que 75 lycéennes à Berlin !
Nous sommes toutes émerveillées de leur accueil, de leur gentillesse, de leur disponibilité, de l'élégance de leurs appartements. De plus, alors que la plupart d'entre elles sont missionnées tout au long de la journée pour encadrer les différents groupes, elles nous régalent de leurs talents culinaires.
Freitag- Vendredi 22 mai 2015.
Retour à l'île aux Musées pour visiter le Bode Museum, créé par Wilhem von Bode, grand collectionneur, qui, pour la première fois, a voulu présenter des œuvres destinées au public.
On peut y voir un grand nombre d'œuvres dans des matériaux très divers - bronze, marbre, bois, papier mâché, terre cuite ou os - notamment des sculptures de Donatello, dont Saint Jean-Baptiste, exact pendant de Marie-Madeleine, que nous avions admirée et touchée avec émotion l'année dernière dans les Ateliers de restauration à Florence.
Toute une salle est consacrée à Andrea della Robbia et à ses magnifiques céramiques, ainsi que de nombreux chefs d'œuvre du gothique allemand, particulièrement une vision de l'enfer réalisée en os et montrant des corps miniatures qui s'enchevêtrent dans les affres de l'agonie.
À l'entrée du Musée, une gigantesque statue de Frédéric II nous rappelle celle de Louis XIV devant le château de Versailles.
Avant d'aller partager un déjeuner rapide à l'Humboldt Box, quelques-unes d'entre nous descendent au Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe, véritable nom du monument, réalisé par l'architecte Peter Eisenman, qui a aligné 2711 blocs de béton de taille variée, sur un sol inégal et volontairement ondulé.
Situé sur le no man's land qui longeait le Mur, ce monument impressionne par sa grandeur grise et sobre. On marche entre ces dalles de taille différente et grandissante au fur et à mesure que l'on s'enfonce vers l'intérieur.
À l'entrée figure cette phrase de Primo Levi : “Cela a eu lieu, cela peut donc se reproduire. ”
Le silence et cette impression d'égarement accentuée par le manque de lumière évoquent un labyrinthe mouvant traînant vers l'infini et un repentir inextinguible. Malgré cette sensation oppressante, on entrevoit, tout au bout, la lumière et un arbre, vert ...
L'après-midi est consacré à une exposition fort intéressante de différentes œuvres réalisées par les lycéennes berlinoises entre 1905 et 1933. À travers cette exposition, le Lyceum Club de Berlin rend ainsi hommage à ces artistes courageuses et engagées qui participèrent, durant cette période, à l'émancipation de la femme et à l'évolution de son rôle dans la société. Ces lycéennes artistes ont durablement contribué à l'image culturelle de la ville de Berlin jusqu'à la prise du pouvoir par les nazis.
Quo vadis Mater ? Le titre de l'exposition se réfère aussi bien à l'une des peintures exposées qu'au rôle changeant et évolutif de la femme, y compris de nos jours. Je ne peux m'empêcher de constater la dimension artistique évidente du Lyceum à cette époque, en regrettant qu’elle n'ait pas perduré avec l'évolution de notre Club et sa réalité aux XXe et XXIe siècles.
Quo vadis Lyceum ? Ne faudrait-il pas engager une véritable réflexion sur le constat que nous nous sommes éloignées de l'un des éléments fondateurs et essentiels de notre association ?
Un court moment de temps libre nous ramène à l'hôtel. Puis nous partons vers 18 heures 30 à la DZ Bank, où a lieu le dîner de gala.
Derrière une façade austère se cache l'une des curiosités du nouveau Berlin : la prouesse architecturale de Frank Gehry et, selon lui, la meilleure chose qu’il a faite. (On lui doit notamment le Guggenheim de Bilbao et la Fondation Vuitton.)
Une structure de verre, de bois et de titane aux parois ondulantes, laisse passer la lumière naturelle, qui éclaire magnifiquement en contrebas les tables de huit personnes dressées pour nous accueillir et autour desquelles se mélangent harmonieusement tous les pays dans une atmosphère chaleureuse et pleine de gaîté.
Alors, une fois encore, comment ne pas souligner cette dimension unique du Lyceum de pouvoir échanger dans toutes les langues ?
Sans même nous connaître, nous sommes unies par le partage des valeurs qui constituent le fondement de notre Club : une solidarité internationale, qui nous permet de favoriser les échanges intellectuels entre femmes cultivées et créer ainsi des liens d'amitié, afin que chacune d'entre nous mesure ce que nous sommes capables de faire les unes pour les autres.


FLORENCE

De l’Ombrie à Florence : entre le réel et le merveilleux
Alejo Carpentier rassemble ces deux mots dans sa théorie “le réel merveilleux”, qui est davantage un mode de rapport au monde, tenant compte des enjeux culturels et historiques sur lesquels nous tentons de bâtir notre identité humaine.
Avant Florence, il y eut l’Ombrie, trois jours à découvrir Assise aux fresques colorées, Pérouse avec ses remparts, ses rues médiévales escarpées, ses fontaines gothiques et sa grande université puis Arezzo, cité étrusque fertile en œuvres d’art, céramique sigillée ou métaux repoussés.

Jeudi 22 mai
C’est l’entrée dans la capitale de la Toscane !
Florence, qui préserve jalousement tous les attraits de son riche passé et possède 25% des œuvres d’art du monde.
Florence, qui engendra plus d’artistes que n’importe quelle autre ville, de Giotto à Fra Angelico, Michel-Ange ou Botticelli, Dante, Machiavel, Galilée … et où tous les arts s’exprimèrent dans un foisonnement unique : peinture, sculpture, céramique, joaillerie, architecture, littérature, magie des jardins.

Florence, foisonnant de chefs d’œuvre, pour lesquels les mots “exceptionnels”, “uniques”, “extraordinaires” n’expriment qu’une petite partie de la vérité artistique qu’elle nous offre.

Florence, ville musée, mais aussi ville vivante, où l’on traverse le Ponte Vecchio, grouillant de monde, pour aller flâner dans l’Oltrarno avec ses ateliers poussiéreux dans lesquels des artisans transforment la matière brute en œuvre d’art, sous le regard invisible et attentif de Brunelleschi.

Florence, ville de magie où, loin des rues agitées, on découvre des venelles ombrées aux trottoirs étroits, aux pavés disjoints sur lesquels résonne encore l’écho des cavaliers pressés de se rendre dans l’un de ces palais à hauts murs fermés par des portes massives, en fer ou en bois clouté.

Tard le soir, entre les tours de pierre et le Dôme rouge, on aperçoit, au-dessus des toits, de fiers cyprès et des vignes gorgées de soleil. Tout devient calme et douceur. La ville rouge et verte s’emplit d’ombre et n’est plus que noblesse et beauté.

Ce jeudi, sous la houlette attentive et énergique de Sophie Massard, nous visitons la Capella Brancacci où l’on peut admirer les magnifiques fresques de Masaccio (mort à 27 ans) retraçant, tableau par tableau (une bande dessinée en quelque sorte), la vie de Saint Pierre. Une promenade dans l’Oltrarno nous ramène à nos hôtels avant la cérémonie d’ouverture des Cultural Days qui suivent les deux journées de travail du BCI, réservées aux Présidentes des Fédérations. Cette cérémonie a lieu au Palazzo Strozzi Sacrati où nous accueillent très officiellement Mme le Conseiller Culturel de la Mairie et M. le Président du Conseil de la Ville.

Nous rencontrons là environ 70 lycéennes et leurs accompagnants, représentant 9 nations, incluant l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis, qui n’ont pas peur des distances.
C’est avec bonheur que nombre d’entre nous s’exclament en retrouvant des visages connus et amis.

Vendredi 23 mai
A 9 h 30, conférence d’ouverture à la Galeria dell’ Academia au cours de laquelle nous est retracé “le grand tour”, voyage culturel au XIXe siècle, incontournable pour les artistes de tout poil et les milliardaires excentriques qui traversèrent Florence, ou y résidèrent.

Puis, visite des Offices lors de laquelle, dans un parcours didactique, nous allons du Moyen Age et des Primitifs italiens, dont la facture reste extrêmement byzantine, jusqu’à Giotto qui introduit un aspect très contemporain en attribuant des visages “actuels” à la Vierge ou aux différents saints. Nous notons que la forme des auréoles passe d’une forme plate, en “assiette” posée sur la tête, à un simple halo doré.
Au fur et à mesure de ce parcours, nous côtoyons Masaccio, Donatello, puis Fra Lippo Lippi peintre qui, pour la première fois, se représente dans l’un des personnages du Couronnement de la Vierge.

Avant de découvrir ou de redécouvrir le “Printemps” et la “Naissance de Vénus”, nous admirons deux portraits de Piero Della Francesca “Duc et Duchesse d’Urbino”, saisissants de réalisme.

Sandro Botticelli, élève de Fra Lippo Lippi, est un personnage très cultivé, car il vit au palais des Médicis et rencontre quotidiennement des artistes, des écrivains, des savants accueillis par les ducs de Florence.
La “Naissance de Vénus” était un cadeau de mariage destiné à Lorenzo Médicis, comme tête de lit ! On retrouve dans ce tableau, comme dans “le Printemps”, tous les éléments qui mettent en valeur la culture et l’argent des Médicis et l’on identifie pas moins de 250 espèces de plantes dans ces deux tableaux !

Entrons de plain-pied dans le XVIe siècle avec Michel-Ange, Raphaël ou Léonard de Vinci, artiste protéiforme qui, souvent, s’offre le luxe de ne pas terminer ses tableaux ! “La nature est maîtresse de l’Art”, a-t-il dit. Il n’est que de regarder la finesse des détails, des feuilles et diverses essences d’arbres aux plumes des oiseaux.
Avec Michel-Ange apparaît un nouveau type d’expression picturale. Le dessin s’affine. Le peintre cherche à transposer sa sculpture dans ses tableaux : le corps est “sculpté”, les muscles sont mis en évidence, les couleurs sont plus froides, ce qui n’est pas forcément du goût des mécènes.

Enfin, vint Raphaël, élève de Michel-Ange à Rome et nous restons sans voix devant le bleu lapis-lazuli de “La Madone à l’enfant”.
Nous passons rapidement l’époque des grisailles et du “maniérisme” (c'est-à-dire “à la manière de”) pour nous attarder quelque peu devant la galerie des portraits, tous alignés dans le grand couloir des Offices, particulièrement sur le portrait d’Eléanore de Tolède par Le Bronzino, en admirant le rendu exceptionnel des différents tissus.

Traversant à nouveau la ville d’un pas alerte, nous arrivons devant le magnifique bâtiment qui, depuis le XIIIe siècle, abrite l’Officina Profumo Farmaceutica di Santa Maria Novella, créé par les moines dominicains peu après 1221, année de leur arrivée à Florence.
Les herbes médicinales sont cultivées dans leur potager et servent à préparer les médicaments, les baumes et les pommades destinés à leur usage personnel.
Par la suite, la renommée des produits dépasse la seule ville de Florence, s’étend au pays tout entier et à l’étranger. En 1612, il devient nécessaire d’ouvrir au public les portes de la pharmacie. L’activité prend alors le nom de “Fonderie de son Altesse Royale” et les produits sont connus jusqu’en Russie, aux Indes et en Chine.
Les biens de l’église étant confisqués à la fin du XIXe siècle, la propriété de l’activité passe à l’Etat qui, pourtant, l’attribue au Dottore Stefani, neveu du dernier Moine Directeur de l’Officina.
Depuis cette date, quatre générations de la même famille se succèdent à la tête de Santa Maria Novella.

Après la visite de la Bibliothèque et de sa magnifique collection de céramiques et de verreries anciennes, nous traversons la salle des alambics, qui côtoient les anciennes machines, la tête chavirée par les parfums doux, mais entêtants, qui se diffusent entre ces murs historiques. Puis nous entrons dans le jardin d’herbes, oasis de réflexion, qui semble s’être figé dans le temps. Entrons dans la magie pour en ravir le secret !
Respirons “L’acqua della Regina” spécialement créée pour Catherine de Médicis, découvrons avec ravissement l’ensemble de la ligne de beauté, dégustons des chocolats au parfum étrange et suivons le sillage du mythique Pot -Pourri, mélange d’herbes et de fleurs venues des collines toscanes.
Dehors, c’est encore du soleil, des parfums et bientôt la Musique.

Après un dîner très convivial autour d’un buffet toscan, au Teatro della Pergola, nous nous retrouvons via Alfani, au siège du LCIF, très bel hôtel particulier du XVe siècle, orné de boiseries magnifiques et de tapisseries aux couleurs sombres.
Une étonnante violoncelliste nous interprète Beethoven, Brahms et Debussy, en tirant de son instrument des sons graves, doux et profonds, accompagnée par une jeune pianiste japonaise très “énergique” !
Belle soirée s’il en fût et retour dans la douceur de la nuit florentine.

Samedi 24 mai
Il fait doux, il est tôt. Nous décidons avec Marie Anne d’aller visiter le musée San Marco, tout près de notre hôtel. Là, nous retrouvons nos amies de Paris et de Bordeaux.
C’est l’heure divine de contempler dans le silence des cellules monastiques les plus belles fresques de Fra Angelico : la douceur des teintes de pastel, la composition originale et parfois contemporaine des figures, la représentation qui met en évidence la partie basse de la fresque (partie terrestre), la partie haute (spiritualité) et ces visages ineffables empreints d’une foi profonde.

Sur la route qui doit nous conduire à la Forteresse da Basso, pour visiter l’Opificidio delle Pietre Dure (l’équivalent du centre de restauration des Musées de France), arrêtons-nous au Palais Medici Ricardi pour admirer l’ensemble de “grisailles” qui décorent chaque salle puis, plus particulièrement, la Chapelle des Mages : entièrement décorée, du sol au plafond, et représentant sur les quatre côtés l’arrivée des Rois Mages, précédés et suivis d’un immense cortège de nobles, hommes d’armes, serviteurs, paysans, animaux et marchandises, dans un paysage foisonnant de détails où les couleurs, vives et précises, sont rehaussées d’or et de pourpre, telles les enluminures d’un livre d’Heures géant.

“Dieu est dans le détail”, a dit Mies Van der Rohe. Oui, Dieu est bien là, dans ce témoignage exceptionnel de l’Art porté par la Foi.

Il est l’heure de nous rendre d’un pas rapide à la Forteresse, avec la volonté de garder dans les yeux et dans la tête tant la douceur des fresques de San Marco que l’éblouissement des Mages de la Cappella, persuadées que nous étions que tout autre tableau, si beau soit-il, viendrait polluer ce souvenir que nous voulons garder impérissable. Quelle erreur !

Car, à l’Opificidio della Pierre Dure, guidées par une jeune et charmante conférencière passionnée par son métier, nous découvrons, stupéfaites, plusieurs œuvres en restauration : un immense Christ (de 6 mètres de haut environ) attribué à Giotto, “l’Adoration des Mages” de Léonard de Vinci, la “Marie-Madeleine dans le désert” de Donatello en bois sculpté et, touchant au sublime, un Fra Angelico dont je garde encore le “goût” du bois sous mes doigts !
Et, sans transition, nous franchissons les siècles pour nous retrouver devant un Jackson Pollock.
Toutes les techniques de datation, de restauration nous sont minutieusement détaillées : les questions fusent, les réponses nous sont données avec une patience qui n’a d’égale que la gentillesse de nos hôtes.
La matinée est déjà finie, vite une “tomate mozzarella” avant de traverser le Ponte Vecchio et nous retrouver au Palais Pitti pour découvrir à la fois la Galerie des Costumes, plus particulièrement axée sur le siècle dernier, et la splendide collection de pièces d’argenterie et de verrerie précieuses, ainsi qu’une exceptionnelle exposition de bijoux ayant appartenu aux grandes familles de la ville.

1 7 h 00! Il est temps de nous hâter lentement pour se préparer à la “soirée de gala », dont nos amies florentines nous ont assuré qu’elle serait “unique”.
Retour via Guicciardini, jouxtant le palais Pitti.
Derrière de hauts murs, typiques des palais florentins, nous découvrons tout d’abord de magnifiques jardins où pépient déjà la plupart de nos amis, puis la façade d’un palais datant très probablement du XVe siècle.

Après l’incontournable “photo de famille”, nous gravissons de magnifiques escaliers. Là, “une terreur douce et glacée enveloppe l’âme instantanément quand la beauté s’abat sur elle. ”
Nous marchons dans un rêve de beauté et de magnificence : un palais regorgeant de tableaux, de sculptures, tout en présentant l’image de la vie ; car c’est là que vit notre amie Maria Teresa Guicciardini qui nous accueille dans cette “maison”, la sienne et celle de sa famille depuis plus de 500 ans, famille plus ancienne que les Médicis qui leur ont acheté le terrain nécessaire à la construction du fameux corridor de Vasari, reliant les Offices au Palais Pitti !
La simplicité de son accueil n’a d’égale que la somptuosité de ce palais. Nous découvrons la bibliothèque aménagée par son arrière-grand-père et répertoriée dans le monde entier. Tout nous laisse sans voix.

Oui, je le pense, seule l’Italie peut nos offrir de tels moments d’exception, et nous avons fait là provision de souvenirs.
Ces souvenirs, nous les engrangeons chacune à notre manière, souvenirs intimes, personnels que nous gardons en nous ou souvenirs partagés avec nos amies. La force de notre Club, c’est que nous nous sentions toujours à l’aise quand nous rencontrons d’autres lycéennes, car nous sommes soudées par les mêmes valeurs : “le Goût des autres et celui de l’esprit ». V. MdR


OMBRIE

par Monique LEBOEUF et Sophie MARIAUX

A la faveur de la réunion du Bureau Central International (B.C.I.) du Lyceum et des Rencontres Culturelles organisées à Florence, la Fédération Française a proposé à ses membres quelques jours de découverte de l'Ombrie, circuit confié à l'Agence Arts et Vie dont nous avions apprécié la qualité des prestations à Berlin en avril 2013.

"J'étais arrivé à ce point d'émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les beaux-arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j'avais un battement de coeur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber ..." Stendhal Etape à Florence 1817

Si le syndrome de Stendhal nous a épargnés, nous avons, nous aussi, vécu des moments intenses.

Pendant 3 jours, Pérouse a été notre "camp de base". Première étape : Assise où nous visitons la basilique de Saint-François : basilique inférieure et supérieure décorées des fresques de Giotto et de ses disciples. Nos pas nous ont ensuite menées vers Sainte Marie des Anges qui abrite la Portioncule, vestige d'une église remise en état par Saint François. Pour nous reposer les yeux après avoir admiré ces fresques colorées, une promenade dans la vieille ville nous a permis de découvrir la forteresse construite par les Hohenstaufen et d'admirer une campagne paisible plantée d'oliviers et de cyprès.

A Pérouse, 2 temps forts ont marqué notre journée : d'abord le centre historique de la capitale de l'Ombrie, témoin d'un passé glorieux, avec la Fontana Maggiore sculptée par les Pisano, et la galerie nationale d'Ombrie située dans le palais des Prieurs, un des édifices civils les plus imposants d'Italie. Celle-ci conserve une collection exceptionnelle d'oeuvres de la Renaissance (Fra Angelico, Piero Della Francesca, Perugin). Ensuite, Anne-Claire, notre guide si enthousiaste, nous entraine vers les remparts, les petites rues de la vieille ville d'où nous apercevons les bâtiments d'une université internationale réputée et la monumentale porte des Etrusques qui fondèrent Pérouse. Nous sommes nombreuses, ensuite, à nous redynamiser en dégustant une glace sur le Corso. Le "lèche-vitrine" et le shopping ont bien occupé nos fins d'après-midi.

En route pour Arezzo, nous nous arrêtons au bord du lac de Trasimène où le souvenir d'Hannibal, vainqueur des légions romaines, est toujours présent.

Nous voilà maintenant en Toscane et s'il est une visite à ne pas manquer c'est celle de la Capella Bacci dans l'église San Francesco. Piero Della Francesca l'a décorée, au milieu du XV° siècle, de fresques illustrant l'histoire miraculeuse du bois de la croix du Christ. N'oublions pas les faïences émaillées de Della Robina à San Domenico et sous le porche de la Pieve (église des pauvres) des reliefs illustrant métiers et saisons.

Florence, cité de la Renaissance, berceau des Médicis, ville de grands mécènes, construite par des dynasties de marchands et de banquiers, est sans doute une ville musée mais aussi une ville étudiante, commerçante et enjouée.

Une étape gourmande au Giubbe Rosse, chaleureux café littéraire où se rencontrent intellectuels et artiste ; c'est là qu'en 1909 est né le mouvement futuriste. Nous avons bénéficié des commentaires érudits du souriant propriétaire de la maison.

Sophie Massard, du club de Lyon, a bien voulu nous piloter dans le quartier de l'Oltrarno. Un chef d'oeuvre nous est offert : la chapelle Brancacci, décorée de fresques par Masolino Lippi et Masaccio ; puis, au fil des jours, par petits groupes, nous nous sommes égayées dans la ville pour découvrir le Duomo, le Baptistère, Santa Maria Novella, Santa Croce, le palazzo Medici-Ricardi, avec sa merveilleuse chapelle des Mages, et le palazzo Davanzatti qui nous replonge dans la vie quotidienne des marchands des XV° et XVI° siècles. Le monastère San Marco, dont chaque cellule est décorée de fresques par le moine-peintre Fra Angelico, est l'un des musées les plus émouvants de Florence.

Grâce à Maïté Bordry, Past présidente du club d'Orléans, et à Sophie, nous avons pu admirer l'exposition Pontormo et Rosso au palazzo Strozzi et écouter, dans l'auditorium de San Stefano, un concert consacré à Vivaldi.

Pouvons-nous exprimer notre regret de n'avoir pas toutes participé aux journées culturelles ? Nous remercions le bureau de la Fédération de nous avoir permis cette escapade partagée avec nos 43 amies lycéennes de Paris, Orléans, Bordeaux, Lyon, Lille, Dijon, Troyes et Limoges, escapade qui nous a enrichies sur le plan culturel mais aussi sur le plan amical.

Culture et amitié: nos avons pleinement rempli le contrat "Lyceum". M.L. S.M.