« Grivoises, volages, bourgeoises, épouses, maîtresses, canotières : les femmes et MAUPASSANT »
Quand on évoque Maupassant, quelques titres viennent à l’esprit : La Maison Tellier 1881, Une Vie 1883, Le Horla 1887… romans ou nouvelles dans lesquels se côtoient naturalisme et fantastique.
Mais c’est dans un autre univers que nous plonge la compagnie Créabulle en cette soirée de janvier 2018, réservée aux vœux.
Anne-Sophie Galinier et Stéphanie Maurin, comédiennes professionnelles, nous entraînent dans le monde de ce disciple de Flaubert et de Schopenhauer, à la fois léger et caustique, sensible et pessimiste. La ronde des femmes se forme sous nos yeux, dans toute sa diversité et sa complexité, avec leurs obligations, leurs désirs et leurs besoins, souvent contradictoires.
Se succèdent trois tableaux révélateurs de cette fin du XIXème siècle : les bourgeoises dans leur souci de respectabilité et de passion, les filles de petite vertu dans leur recherche du plaisir, et les canotières à la fois grivoises et avant-gardistes par leur appétit de la vie.
Ce qui les rapproche, c’est tout à la fois leur quête d’amour souvent déçue et leur mépris ou leur dégoût des hommes. « J’ai besoin d’être aimée, ne serait-ce que par un chien » dira l’une d’elles.
Tous les textes proposés sont extraits des œuvres de Maupassant, vaste puzzle savamment recomposé et éclairé avec talent par les soins du régisseur. La musique, le choix des costumes et les voix off enregistrées nous aident à resituer chaque saynète dans un univers spécifique.
Mais outre l’aspect plaisant et sarcastique du propos, on se rend compte que Maupassant pose des questions très actuelles.
Les femmes sont-elles des poulinières ?
Ont-elles droit au plaisir ?
Peuvent-elles dire non ?
Comment réussissent-elles à concilier respectabilité et passion, désir et mépris ?
L’amour et le plaisir sont au cœur du spectacle et traduisent bien les besoins du jouisseur et du bon vivant qu’était Maupassant.
Mais c’est à d’autres plaisirs que s’adonneront les Lycéennes à la fin du spectacle, se retrouvant devant un buffet raffiné pour échanger de bons voeux. Elles deviseront à loisir sur leur condition, leurs projets, leurs soucis et aussi leurs joies.
Tout cela, orchestré avec maestria par Catherine, notre hôtesse, aussi attentive qu’efficace.
Cela nous permet, pour illustrer cette soirée consacrée à Maupassant, de souscrire à la formule de Julien Clerc :
« Femmes, je vous aime ! »
D.VDB
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