dl-2.jpg
Belle soirée que cette visite des locaux du Dauphiné Libéré en compagnie
de Jean Pierre Souchon, rédacteur en chef du journal.
Au cours d’un exposé vivant et passionnant, Jean Pierre nous a conté avec
brio l’histoire, l’évolution et le s problématiques actuelles du journal, liées
à l’évolution des besoins et des nouveaux modes de consommation de
l’information.
Une trentaine de Lycéennes accompagnées de quelques époux ont suivi
avec intérêt cette “conférence” et n’ont pas manqué au moment
importun de poser leurs questions. Rencontre placée sous le signe de la
communication, de l’échange, de la bonne humeur, ponctuée par les
anecdotes rapportées par notre hôte.
Quelques points d’histoire
Le Dauphiné Libéré appartient au groupe EBRA dont l’actionnaire est
Crédit Mutuel CIC à Strasbourg.
Initialement installée avenue Alsace Lorraine à Grenoble, la structure s’est
installée en 1977 à Veurey-Voroize à l’initiative du propriétaire du site et
maire de la commune. M. Louis Richerot était-il visionnaire pour imaginer
qu’un jour ce site soit situé tout près des entrées d’autoroute ?
Le DL est le troisième quotidien régional derrière Ouest Franc e et
Sud ouest.
Il couvre neuf départements sur le territoire. Sa zone de diffusion
se concentre sur les départements de l’Isère, la Savoie, la Haute-
Savoie, la Drôme, l’Ardèche, les Hautes-Alpes, l’Ain (Pays de
Gex), le Vaucluse, ainsi que dans la vallée de l’Ubaye dans
les Alpes de Haute Provence.
100 millions de pages sont lues chaque jour dont 30% sur
Facebook.
Le DL doit faire face à plusieurs types de difficultés.
II est un des rares journaux en France à ne pas avoir d’identité.
Trop d’identités pour un quotidien régional et peu de points
communs entre les régions. Comment agréger cette identité
qu’on n’a pas ?
SOIREE SINGULIERE : le Lyceum investit les locaux du célèbre journal
LE LYCEUM CLUB DE GRENOBLE , invité par le directeur JP Souchon….
En trouvant quelques idées transverses pour les nouvelles nationales et le sport, mais surtout en faisant des multi départementaux devant la difficulté à faire un régional. Au niveau du quotidien, ce sont donc 33 éditions qui sortent par jour pour aller au plus proche du lecteur.
Le modèle économique sur papier enregistre 7 à 8% de perte. Les ventes sont globalement en baisse et la publicité qui représente 40% des revenus est le premier budget sur lequel rognent les annonceurs.
Difficulté du DL à aller chercher l’info à la source. C’est un devoir vis à vis des lecteurs que l’info soit juste sous peine de voir les lecteurs s’informer ailleurs.
A l’heure d’un monde ouvert où l’information circule vite avec de nombreux sites qui se montent de partout à peu de frais, quel modèle économique mettre en place sur le digital ? Les nouvelles technologies vont trop vite, on n’a plus le temps de se poser pour faire une réforme du journal
papier.
Actuellement, le DL est un journal de masse. Demain ce sera un journal personnalisé
répondant aux attentes des lecteurs. L’idée est de faire du tracking (profilage des
lecteurs) et de pousser les infos qui les intéressent sur leurs smartphones.
Ce procédé est source de revenus pour le DL car les annonceurs de publicité sont intéressés par les fichiers de clients qu’ils vont pouvoir démarcher.
L’idée est de faire dans une forme digitale une matinale dès 6 heures du matin, en agrégeant tous les services pour faire une conciergerie regroupant les informations de la nuit et du serviciel : météo, point pollution, bouchons … Un journal fonctionne grâce à la valeur ajoutée apportée par la rédaction et la valeur d’usage, infos pratiques, info service.
Quelques chiffres :
Le Dauphiné Libéré est une usine, une grosse machine industrielle dont le coeur du réacteur est la proximité.
Actuellement, le DL compte 857 salariés dont 300 journalistes et un peu plus de 2000 correspondants répartis sur l’ensemble du territoire. La zone comprend 2225 communes. Difficultés à trouver des correspondants. Leurs missions se déroulent plutôt les week-ends et le soir. Ce sont des activités très contraignantes et “très mal payées” !!
75 % de l’information est faite par les correspondants.
Le tirage d’un journal est limité à 40 pages. Ce sont 410 pages éditées chaque nuit,
9600 sujets traités et 5000 photos utilisées.
Qui sont les lecteurs ? 12 % des lecteurs achètent le journal pour les avis de décès. Ce sont principalement des banquiers, médecins et notaires ; 6 à 7% pour les pages
courses, 95% pour les nouvelles locales. Le lecteur type est dans la fourchette 30 à 35 ans pour une première lecture. Les lecteurs commencent généralement à acheter un journal lorsqu’ils fondent un foyer. Les jeunes sont tous sur leurs smartphones.
Il y a 30 ou 40 ans, le DL était le quotidien de l’immédiateté. Aujourd’hui l’information dite “chaude” est sur le net.
Le groupe développe parallèlement aux journaux des revues et des magazines mensuels ou trimestriels, entre autres : Dauphiné saveurs d’ici, Alpes Loisirs, Rugby, TV magazine, Nationale 7, Grenoble en résistance …, mais également des livres (Jean Ferrat) ainsi que des grands formats dont le prochain à venir : “50 ans de jeux de Grenoble”.
Ce sont environ 300 suppléments par an.
Toutes les éditions sont fabriquées sur le site. Les journaux préparés dans les départements par les journalistes délocalisés sont également imprimés à Veurey-Voroize.
Après cette belle présentation, les échanges ont continué autour d’un buffet qui nous a réjouis tant sur le plan visuel que gustatif.
La seconde partie de soirée à été consacrée à la visite des différents services, du Secrétariat Général de la rédaction, au Service des Sports national et International, aux Informations Nationales, à l’Espace technique, Service informatique, jusqu’à la salle des rotatives.
Irène nous a accueillis au Secrétariat Général de la rédaction. Elle est journaliste. Ce poste est le plus important. C’est un poste de pilotage, de
responsabilité qui nécessite une présence jusqu’à environ 3 heures du matin. Le “chemin de fer” qui est la représentation du journal page à page lui permet, sur l’écran de l’ordinateur de vérifier que toutes les pages sont abouties et que le journal ne sera pas en retard.
Bras droit de JP.S Christophe et Olivier, dans le bureau des Informations Nationales gèrent la première et dernière page.
Plusieurs réunions dans l’après midi sont nécessaires pour déterminer le choix de la Une. C’est la vitrine du journal, un équilibre entre informations régionales et Informations Nationales.
L’illustration a aussi toute son importance. Dans l’espace technique, les dactylos veillent à la mise en page, l’ergonomie des pages et le confort de lecture pour que les lecteurs se reconnaissent. Elles sont un support à la rédaction. Le service informatique régule les informations .22h30, moment magique où les rotatives dans un bruit sourd et accéléré se mettent en marche pour les premières éditions qui partiront vers 22h30. Elles tournent à 50/60 kilomètres à l’heure et peuvent imprimer 80 000
exemplaires par heure. Pilotes et techniciens de maintenance sont vigilants et prêts à intervenir au moindre problème.Au sous-sol, des robots transportent les rouleaux de papier pour les installer dans les rotatives.
Nous suivons ensuite la distribution robotisée via les bandes de roulement d’expédition. Entre temps, les journaux ont été automatiquement triés, emballés, étiquetés, dirigés vers leurs points de départ.
Chaque soir, 30 camions de 10/12 tonnes partent distribuer les journaux dans 3500 points de vente, à partir de 22H30 pour les premières éditions jusqu’à environ 3h du matin pour les dernières livraisons.
Au final, la sortie du journal est une course quotidienne contre la montre, un travail en linéaire où tous les rouages doivent fonctionner en même temps. L’heure de
chacune des éditions est à la minute près. Mais il est cependant nécessaire d’avoir une très bonne réactivité en cas d’actualité dramatique. La journal ne parvient pas à l’heure.
Un grand merci à Jean Pierre pour avoir partagé sa culture journalistique, son goût pour sa profession et nous avoir ouvert à travers ses propos et ses anecdotes une petite fenêtre sur le quotidien du grand journal qu’est le Dauphiné Libéré.
Merci à Véronique, son épouse, d’avoir eu l’initiative de cette visite.